7 avril 2012 6 07 /04 /avril /2012 15:30

mecilii1.jpgChère Annie, Chers amis,

Comme certains d’entre vous, chaque année je me dis que c’est cette année que la présence d’Ali nous aurait été ô combien utile. Quand les assassins vous arrachent un être si proche qu’il vous semble une part de vous-même, plus le temps passe et plus ce «membre-fantôme» de vous-même vous manque, et sa perte ressemble davantage à une amputation.

Avec les outrages que le temps nous inflige impitoyablement, il m’arrive parfois d’oublier des êtres et des moments qui m’avaient paru, un temps, indispensables à ma vie et à notre action collective. Mais Ali- André Mecili est à ce point collé au plus significatif de notre lutte qu’il n’est tout simplement pas possible de l’éviter. Pas même au moment d’ouvrir un journal et de tomber sur un drame ici ou à l’autre bout de la terre.

Là où des hommes vivent, souffrent et résistent de toutes les forces qu’ils arrivent à soustraire à la domination et à l’humiliation, l’esprit de Ali est là. C’est du moins ce que j’aime à croire quand son souvenir revient me hanter au travers de l’actualité brutale, inhumaine, dans ce spectacle de l’exploitation de la misère par ceux-là mêmes qui fabriquent la misère, y plongent les êtres, les encerclent de toutes parts, les poussent à l’innommable et finissent par s’en débarrasser comme de vulgaires parasites.

Ali me manque surtout quand la manipulation des horreurs me met en colère, surtout quand l’exploitation des drames vient, encore une fois, mettre « les damnés de la terre » en première ligne. Fanon qui écrivait si bien ne faisait pas de littérature par amour du beau mais c’est la laideur de l’injustice, du racisme et de l’exploitation des hommes qui lui faisait crier sa révolte. Et sa révolte était et reste belle.

Ali quant à lui complétait la révolte de Fanon en rapprochant les hommes. En retissant, entre les êtres, les liens que la domination sous son hideux visage colonial ou sous les traits de l’autoritarisme mafieux  ou encore à travers les perfides manipulations barbouzardes, travaillait à rompre de manière à jeter les hommes comme des chiens les uns contre les autres.

C’est pour cela qu’il a été tué.

Par ce qu’ Ali était né de la colère des damnés de la Terre, qu’il avait traversé l’enfer de la domination coloniale, qu’il avait combattu dans les rangs d’une révolution libératrice et qu’il avait assisté à son détournement au profit d’une caste qui n’aspirait qu’à mettre sous son joug ce peuple algérien qui a tant souffert, Ali –André Mecili avait saisi l’importance des liens entre les hommes.

Retisser les liens entre les êtres pour faire échec aux systèmes. C’est pour cela qu’il a été tué. Et que par delà sa mort on continue à vouloir le tuer encore en tentant de récupérer et de pervertir sa mémoire. En empêchant la vérité d’apparaitre à travers une justice véritablement indépendante et qui serait au dessus de tous les pouvoirs et de tous les systèmes.

Ali- André Mecili n’a pas été tué par ce qu’il était algérien, ni par ce qu’il était Kabyle , ni par ce qu’il était français. Il a été tué par ce qu’il était tout cela dans le respect de principes humanistes et universalistes.

Ali-André Mecili a été tué par la conjuration des barbouzes et des maquereaux contre le rapprochement des hommes au sein d’un même peuple e le rapprochement entre les peuples au sein d’un même monde.

C’est parce que le FFS s’est inscrit dans une logique d’union nationale, de convergence démocratique, de lutte pacifique en Algérie  et de rapprochement entre les peuples français et algériens dans le respect et l’intérêt mutuels que Ali André Mecili a été tué.

La  machine criminelle qui n’a jamais accepté que l’Indépendance algérienne soit autre chose qu’une formalité administrative entre deux groupes d’intérêts illégitimes  a concouru à l’assassinat de Mecili et  continue à polluer le climat politique en Algérie et en France.

C’est pour cela qu’aujourd’hui, plus q
ue jamais, l’esprit rassembleur de Mecili, son sens politique, son engagement humaniste et sa culture ouverte sur le monde qui refuse les replis mortifères nous manquent tant.

C’est pour cela que notre devoir à sa mémoire consiste non à enrager autour de sa tombe mais à  concrètement et quotidiennement faire vivre son esprit.

Et les principes politiques, démocratiques et rassembleurs qui furent les siens et qui sont les nôtres.

Hocine

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