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3 mars 2013 7 03 /03 /mars /2013 15:12

541621_571089726234881_787802452_n.jpgL’érection des institutions d’un pays suppose la participation la plus large possible du peuple à l’édification. Après avoir réussi à juguler le joug colonial, le peuple algérien a cru réaliser le plus dur. Hélas, le nouveau pouvoir qui se profilait, avant même la signature des accords de cessez-le-feu, ne présageait pas un avenir radieux pour ce misérable peuple. La prise d’Alger par les troupes dirigées par Boumediene étaie, si besoin se fait sentir, cette thèse. Et sans ce coup d’État de l’été 1962, l’Algérie –certes une nation en formation –aurait toutes les chances de bâtir un État où tous les Algériens auront leur place.

D’une façon générale, bien que la colonisation l’ait plongé dans une misère abyssale, après la disparition de ce système abject, rien ne justifie le maintien du peuple algérien dans la sujétion. Après avoir payé un lourd tribut pour sa participation à la libération du pays, le peuple algérien mérite qu’on l’associe à la gestion de ses affaires. Hélas, la propension de certains dirigeants à bâtir un pouvoir personnel rend chimérique l’idée de fonder un État juste, égalitaire et démocratique.

En dépit des alertes de Hocine Ait Ahmed, dans l’exercice de sa fonction de député à l’Assemblée nationale constituante (ANC), le duo Ben Bella-Boumediene continue de mettre en œuvre son plan diabolique en vue de vassaliser le peuple algérien. Par ailleurs, étant choisis majoritairement pour leur soutien au Bureau politique proclamé par Ben Bella le 22 juillet 1962, lui-même créé en foulant au pied les statuts de la révolution algérienne, les députés à l’ANC, malgré la ténacité de certains d’entre eux, à l’instar de Hocine Ait Ahmed, n’accomplissent pas leur mission convenablement. C’est ce qu’essaie de démontrer Hocine Ait Ahmed, le 7 décembre 1962, dans une intervention fort applaudie. « Dans tous les pays, sous tous les régimes, il y a séparation entre l’exécutif, le législatif et le judiciaire. Il y a des pouvoirs qui s’opposent, d’autres qui coexistent dans le respect mutuel, d’autres enfin qui coopèrent », déclare-t-il dans l’hémicycle.  

En fait, cette réaction du député Hocine Ait Ahmed intervient suite à la déclaration de Ferhat Abbas, président de l’ANC, encore allié du duo Ben Bella-Boumediene, selon laquelle « l’assemblée constituante est solidaire du gouvernement ». En fait, bien que Ferhat Abbas se soit battu, tout au long de sa carrière, pour le respect des valeurs démocratiques, son choix en 1962 a été entaché d’arrière-pensée. En effet, pendant l’été 1962, Ferhat Abbas a fait un choix revanchard en soutenant l’EMG (état-major général), dirigé par Boumediene, contre le GPRA (gouvernement provisoire de la République algérienne). D’où la naissance d’une alliance contre nature, dirions-nous. Plus tard, Ferhat Abbas regrettera amèrement son choix. Car l’alliance entre un dictateur et un démocrate est par définition contre-productive.

Pour revenir au sujet qui nous préoccupe, le rappel à l’ordre du président de l’ANC, par Hocine Ait Ahmed, est nécessaire. « Pour permettre à l’Assemblée de jouer son rôle historique, je demande à M. le président de prendre quelques précautions lors de ces déclarations, parce que nous défendons la souveraineté de notre Assemblée », argue-t-il. Quoi qu’il en soit, le but de son intervention n’est nullement de s’attaquer à Ferhat Abbas, mais de clarifier ce que doit être le rôle de l’ANC. « Soucieux de la dignité de cette assemblée, j’ai tenu à faire ces remarques. Et je demanderai à M. le président de prendre à l’avenir les mesures nécessaires pour faire respecter le règlement intérieur et sauvegarder le prestige de notre Assemblée », poursuit-il.

Cependant, conformément à l’esprit démocratique qui l’a guidé depuis le début de sa riche carrière politique, Ait Ahmed suggère l’élargissement du bureau politique de sorte que toutes les couches de la société soient représentées. Anticipant une éventuelle question sur le fait qu’il ait refusé d’en faire partie du BP proposé à Tripoli, Ait Ahmed promet de s’expliquer ouvertement. En tout cas, en tenant compte du contexte dans lequel le congrès de Tripoli (28 mai au 6 juin 1962) s’est déroulé, il est clair que le duo Ben Bella-Boumediene a d’abord exercé un chantage pour sa convocation et, puis, il a voulu imposer sa liste. Enfin, le congrès n’a pas été jusqu’au bout de ses travaux à cause d’une atmosphère délétère provoquée par Ben Bella. Ainsi, faire partie d’un tel bureau politique équivaut à un soutien tacite au coup de force. 

En décembre 1962, après la victoire nette du clan Ben Bella-Boumediene sur les partisans de la légalité révolutionnaire, Ait Ahmed propose, dans le but de sauver l’osmose existant entre le peuple et les chefs de la révolutiuon, « l’élargissement de la base du pouvoir ». Car, ajoute-t-il, « le pouvoir personnel ou oligarchique conduit à la paresse, au laisser-aller et à la passivité. Il nous est impossible, quelles que soient nos décisions, quels que soient les moyens mis à notre disposition : capitaux, assistance technique, culturelle d’édifier notre pays si l’enthousiasme populaire fait défaut, si le peuple ne participe pas à cette édification avec ferveur et si nous ne créons pas les conditions psychologiques d’un renouvellement d’auto mobilisation.»

Finalement, il va de soi que cette voie n’a pas eu les faveurs des nouveaux maitres. Bien que Ben Bella ait cru un moment détenir le pouvoir, la réalité a fini rapidement par le rattraper. Après avoir servi de caution légitime à l’armée des frontières, Ben Bella sera renversé trois plus tard par Boumediene. Depuis ce putsch, le commandement militaire assume sans ambages le pouvoir. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que, cinquante ans après l’indépendance, la situation politique est à son point de départ. Bien que le pouvoir ait traversé des périodes difficiles, notamment la crise du début des années 1990, en recourant à la violence, comme lors de l’été 1962, il a su trouver le moyen de se pérenniser. Enfin, l’embellie financière des années 2000 le met à l’abri et lui garantit une longévité. Ainsi, ni le contexte régional marqué par la chute des dictatures, ni les scandales de corruptions qui s’enchainent ne semblent le déstabiliser.

Par Ait Benali Boubekeur

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V
Despite Hocine Ait Ahmed alerts, in the exercise of its function as a member of the National Constituent Assembly has made a massive inspiring speech to the whole gathered crowd. Really thank you for share. Keep on posting more and more.
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  • Il est du devoir de chaque citoyen de s’intéresser à ce qui se passe dans son pays. C'est ce que je fais modestement.
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