29 septembre 2011 4 29 /09 /septembre /2011 08:52

Le passage en force du clan de Tlemcen a plongé le pays dans une crise politique indescriptible. L’arrivée de Boumediene n’a fait qu’achever le peu de libertés qui en restaient. Pour se rendre compte du mauvais départ de notre pays, il suffit d’examiner le mode de scrutin de la première Assemblée nationale. Après avoir éliminé tous les adversaires de l’état-major général (EMG), le bureau politique (BP) a choisi une liste de 196 candidats. A l’exception de quelques noms qui étaient difficiles à éliminer, à l’instar d’Aït Ahmed, Boudiaf, Krim, la grande majorité des députés était inféodée au clan de Tlemcen.

Toutefois, dans ce genre de système, malgré les alliances, le pouvoir revient toujours au plus fort. Or, Ben Bella n’était pas l’homme fort du régime. Bien que Boumediene ait laissé carte blanche au premier « président » de l’Algérie indépendante, ces tentatives maladroites de personnaliser le pouvoir a poussé le noyau dur du clan d’Oujda à l’éjecter du pouvoir. Et dès le départ, il était clair que Ben Bella n’était pas en mesure de l’emporter en cas de litige avec Boumediene. En fait, n’appartenant pas l’EMG, ses alliés n’étaient pas de taille non plus. Donc, Ben Bella a juste surestimé ses capacités.

Pour mieux comprendre cette période, il faudrait expliquer au préalable les premiers mois de l’exercice du pouvoir par Ben Bella. Dès le début, il s’est coupé de ses anciens codétenus. En humiliant Boudiaf en août 1962, lorsque ce dernier s’est retrouvé isolé au sein du BP, Ben Bella l’a poussé à une rupture irréversible. Ainsi, le même jour où le BP a convoqué le corps électoral, le 20 septembre 1962, pour avaliser la liste des députés, Boudiaf a créé le premier parti de l’opposition, le PRS.

Par ailleurs, malgré le renforcement du clan vainqueur de la crise de l’été 1962, quelques opposants de renom, à l’instar de Hocine Aït Ahmed, ont choisi la voie politique et institutionnelle pour éviter l’irréparable. « La démarche d’Aït Ahmed visait deux buts : défendre les prérogatives de l’Assemblée constituante nationale, au nom de la démocratie, et apparaître en même temps comme le défenseur de l’opposition », écrit Abdelkader Yefsah, dans « la question de pouvoir en Algérie ».

Enfin, en dépit de toutes les difficultés, Hocine Aït Ahmed a accompli sa mission de député jusqu’à ce que le pouvoir central prive cette assemblée de mener à bien sa tâche : la rédaction de la constitution. Même si l’histoire avait été réécrite plusieurs fois, la réalité était la suivante : la naissance du FFS était une réponse à ceux qui ont réduit le dernier espace de débat politique à néant. Hélas, en guise de toute réponse, le régime a interdit le FFS, le 28 septembre 1963, soit un jour avant sa naissance. Bien entendu, dans ce conflit, le rapport de force était du côté de l’armée des frontières, baptisée depuis le 9 septembre 1962, armée nationale populaire. Avec l’élimination politique d’Aït Ahmed et d’autres historiques avant lui, à l’instar de Krim, Khider, Boudiaf, Bitat, Boumediene n’avait aucun mal à se débarrasser du dernier chef historique du cercle décisionnel.      

    

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