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28 septembre 2020 1 28 /09 /septembre /2020 20:19

C’est plutôt le titre qui conviendrait à la contribution récente de Mouloud Hamrouche. Avant d’esquisser une solution globale à la crise algérienne, l’ancien chef du gouvernement réformateur situe d’emblée les enjeux de la crise. Pour ce faire, il s’interroge sur les causes qui perpétuent la crise, alors que notre pays possède tous les atouts –notamment son expérience historique – pour s’en sortir. Dans le fond, pour paraphraser Arnaud Montebourg, le plus grand défaut de l’Algérie, c’est son régime.

D’ailleurs, avant d’évoquer la constitution, il définit les éléments qui permettent à toute société de retrouver sa cohésion. Il s’agit en priorité de son espace. « Il est le bien commun de tous et de chacun. Pour nourrir son lien charnel avec l’espace, le peuple affirme son droit inaliénable et assume son propre récit national, sa propre mémoire et sa propre identité. Il se donne les moyens institutionnels, politiques et sécuritaires pour ordonnancer la vie de la communauté nationale, organiser et sécuriser le territoire. Pour cela, il proclame sa souveraineté, clame sa détermination à choisir librement l’idéal qui le guide, la loi qui le gouverne, à élire ses dirigeants et à les contrôler », définit-il les étapes nécessaires à la formation de la nation.

Hélas, depuis le recouvrement de l’indépendance, ces étapes sont zappées, voire supprimées, par un régime n’éprouvant aucun respect pour son peuple. Bien que le mouvement national ait balisé le terrain, le prolongement de la guerre a fait émerger des personnes qui n’avaient pas l’esprit des fondateurs du mouvement national. Leur prise de pouvoir par la force a conduit le pays à vau-l’eau. Résultat des courses : 58 ans après l’indépendance, le peuple algérien est toujours à la quête de sa souveraineté, usurpée par les hommes forts du régime.

Du coup, depuis l’indépendance, la relation entre le peuple, les dirigeants et les institutions est réduite à des manœuvres en vue de contrôler les rênes du pouvoir. Les différentes constitutions ne sont qu’un bail que le régime renouvelle à sa convenance. Ainsi, la volonté de l’homme fort du moment se confond avec le sort de tout le pays. Est-ce que les Algériens ont, par exemple, choisi le socialisme spécifique dans les années 1970 ? La réponse est non. Ce choix était celui d’un régime ou plutôt d’un seul homme, Houari Boumediene.

De la même manière, l’abrogation de l’article 74 en 2008 a été voulue par un seul homme pour satisfaire son égo démesuré. Faut-il rappeler que tous ceux qui sont aujourd’hui à la tête de l’État ont soutenu ce coup de force. En grande partie, ce passage en force contre la seule mesure positive de la constitution de 1996 a contribué à l’amplification de la crise politique, dont le summum a été atteint en février 2019 quand les mêmes soutiens ont voulu reconduire un homme cliniquement mort à la tête de l’État.

C’est la raison qui a poussé principalement les Algériens à sortir massivement dans la rue, en bravant la peur, pour refuser cette énième humiliation. Et pourtant, en 2019, il y avait bien une constitution et des institutions en place. Mais, comme le dit bien Mouloud Hamrouche, cela ne suffit pas. En l’absence de contre-pouvoirs, de l’éthique, de probité, on peut mettre en place la meilleure constitution du monde, le pays demeurera mal géré. Et si le régime feint d’ignorer cette réalité, la crise politique viendra cycliquement le lui rappeler. Malheureusement, le régime n’est pas prêt à tirer les enseignements de son échec. Au-delà de la responsabilité des personnes, c’est sa nature qui est en cause, car c’est elle qui génère ces dérives.

     

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Publié par Ait Benali Boubekeur - dans Actualité

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