9 septembre 2012 7 09 /09 /septembre /2012 20:12

À l’occasion de la présentation de la mouture finale de la constitution du régime, Abdelmadjid Tebboune a parlé du hirak originel. Son arrière-pensée est clairement de démontrer, selon les arguments qui l’arrangent, la déviation du mouvement populaire au fil des mois. Cette lecture est évidemment erronée. Bien que le point de départ soit le refus du cinquième mandat de la honte –même Tebboune a changé d’avis après avoir cautionné le cinquième mandat –, la capacité des Algériens à s’unir a naturellement fait évoluer les revendications.

Or, pour le régime, les Algériens n’ont pas le droit de défendre un projet de société. À la limite, ils peuvent exprimer leur désaccord, mais la gestion des affaires du pays ne peut les concerner directement. C’est la raison pour laquelle le discours officiel s’arrête aux premières semaines du hirak où les Algériens, dans leur écrasante majorité, refusaient la reconduction d’un homme cliniquement mort à la tête de l’État.  

En tout cas, jusqu’à février 2019, le régime pouvait faire semblant de changer de cap soit sous la pression populaire, comme en octobre 1988, ou sous la pression des clans internes, comme en 1965, 1979, 1992, 1998, 2019. Ainsi, après plusieurs crises, le peuple algérien croyait à la seconde chance du régime. La plupart du temps, il n’avait pas non plus le choix. Mais, depuis le 22 février 2019, il ne veut plus entendre parler du maintien du même système. En effet, après avoir hypothéqué la meilleure chance du pays afin de sortir de son sous-développement endémique –plus de 1000M$ sont gaspillés sous Bouteflika –, les Algériens ont la conviction que ce régime ne pourrait pas être la solution après avoir été le problème.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le temps leur donne raison. Malgré les promesses d’Abdelmadjid Tebboune, dix mois après la prise de ses fonctions –il faut rappeler que le jour du scrutin présidentiel, plusieurs millions d’Algériens sont sortis dans la rue pour dénoncer le passage en force du haut commandement militaire –, la situation n’a pas évolué d’un iota. Pire encore, sur le plan des libertés, plusieurs observateurs estiment que le clan Bouteflika n’a pas été aussi loin dans les emprisonnements.

Or, pour justifier les abus de pouvoir, le clan Tebboune met ça sur le dos des lois votées sous le règne de Bouteflika. Et si les Algériens veulent des lois plus souples, insinuent-ils, ils devront adopter la nouvelle constitution. Or, un homme qui croit à la liberté n’a pas besoin de lois pour respecter ses compatriotes. C’est une question rudimentaire.

Pour toutes ces raisons, le hirak et le peuple algérien dans son ensemble ont raison de réclamer une rupture radicale et pacifique. En plus, si la constitution était la clé des problèmes, Bouteflika en avait usé trois. On sait désormais à quelle destination il a mené le pays. C’est pourquoi le hirak –il n’existe qu’un –doit poursuivre son combat de longue haleine.

Publié par Ait Benali Boubekeur - dans Actualité

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