
En remettant en cause le droit syndical, Issad Rebrab révèle l’image négative du libéralisme sauvage en Algérie. Bien que le groupe Cevital ait été présenté comme le modèle économique à encourager, il n’en reste pas moins que cela se fait au détriment de l’ouvrier. En d’autres termes, son principal dirigeant n’a rien à serrer de la situation de l’ouvrier ni de l’avis du Code du travail.
Cela dit, son attitude peut varier selon le pays où il se trouve. Si en France, par exemple, où il a sauvé une entreprise, il se plie à la réglementation, il n’en est pas de même, en Algérie, où les salariés de la filiale Numilog sont licenciés par voie postale et en enfreignant le droit des salariés. Dans le document en question, le motif de licenciement reste vague.
Pire encore, le groupe Numilog n’a même pas pris la peine d’attendre la décision de la justice, une justice pourtant au service des longs bras. Est-ce que Rebrab est à son premier abus. Sans vouloir refaire l’histoire, c’est toute sa fortune qui est acquise dans des conditions floues. L’ancien premier ministre, Belaid Abdeslam, ne cessait de le dire de son vivant sans qu’aucune déclaration ne remette en cause ses allégations.
Et pourtant, des citoyens ont cru à sa bonne foi. Après son arrestation en 2019, une vague de soutien s’est manifestée. Dans une petite cafétéria havraise où les gens de la région se rencontrent, j’ai été quasiment le seul à dire qu’il ne méritait pas une telle solidarité. À la limite, j’ai été de ceux qui condamnaient une justice revancharde. Car, après la chute de son clan, il était prévisible que des règlements de comptes suivent.
Hélas, cet élan de solidarité envers un homme injuste ne se manifeste pas quand il s’agit de défendre ses victimes. Préfèrent-ils le monde de la finance aux valeurs de solidarité ancestrales ? C’est à eux de clarifier leur position. Pour les détracteurs du libéralisme sauvage, le choix a été fait depuis des lustres. Toutefois, il ne faudrait pas confondre le libéralisme à la Rebrab et le libéralisme qui se pratique en Europe. Il y a des empires économiques –c'est le cas de Bouygues en France –où les droits des salariés sont respectés et garantis.
En Algérie, le combat doit être tous azimuts. Tout d’abord contre le régime qui fabrique ces monstres. Car, ce qui se produit chez Numilog ne pourrait pas arriver si la justice était libre. D’ailleurs, faut-il attendre quelque chose de la justice ? Si elle rétablit les ouvriers de Numilog dans leurs droits, ce sera son premier exploit. Mais, comme l’ont dit Moad Bouchouareb et ensuite Tebboune, le peuple algérien peut encore rêver.