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4 août 2020 2 04 /08 /août /2020 20:04

Si l’arrestation de Moncef Aït Kaci et Ramdane Rahmouni était incomprise, leur libération susciterait la même indignation. Non que les citoyens ne soient pas heureux de la fin de leur cauchemar, mais ils sont consternés par l’attitude de la justice du régime. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que s’il manque un seul indice pour prouver que la justice n’obéit pas au droit, cet épisode en est la preuve irréfutable.

Cela dit, pour un observateur averti, le système, instauré depuis 1962, a toujours fonctionné de cette manière. Dans un pays où la séparation des pouvoirs est une chimère, le pouvoir judiciaire n’a aucune chance de s’émanciper. C’est la raison pour laquelle les deux journalistes ont été libérés moins de 24 heures après leur incarcération. « Et leur libération a été ordonnée, sans même passer par le juge d’instruction », écrit Youcef Rezzoug, ancien journaliste.

Or, si cette gestion stalinienne pouvait se pratiquer en silence dans les années 1960, il n’en est pas de même à l’ère des réseaux sociaux où tout se sait. En d’autres termes, bien que le peuple algérien suive une évolution naturelle – celle que suivent tous les peuples –, le régime est hélas prisonnier de son passé. En s’accrochant à ces pratiques révolues, il veut figer la société. Ainsi, en dominant tous les autres pouvoirs et toutes les institutions, le pouvoir exécutif n’est pas prêt de faire son mea culpa ni de rectifier le tir.

Pour masquer ses tares, le régime recourt indéfiniment à la théorie du complot. C’est le cas de l’affaire du journaliste libre, Khaled Drarani. En couvrant les manifestations du hirak, il est accusé de menacer l’unité nationale. Ce grief est malheureusement le plus utilisé contre tous les contradicteurs du régime. Et si Moncef Aït Kaci et Ramdane Rahmouni n’étaient pas libérés sous la pression de France 24 et du Quai d'Orsay, ils seraient accusés, eux aussi, d’atteinte à l’unité nationale.

Finalement, à l’examen de ces éléments, il y a une question qui s’impose naturellement : qui est-ce qui a changé depuis l’arrivée de Tebboune aux affaires pour que les Algériens cessent de manifester  après la fin de la pandémie?  Tous les ingrédients sont réunis. En plus, dans le fond, le problème n’est pas la volonté des personnes, mais c’est la nature même du régime qui génère tous ces défauts.

En effet, à partir du moment où Tebboune accepte de gouverner – les Algériens ont leur idée sur la légitimité des gouvernants – sans la rupture avec l’ancien régime, sa gestion ne peut différer de celle de Bouteflika, ni de Zeroual, ni de Chadli, ni de Boumediene et ni de Ben Bella. Or, qu’on le veuille on non, ce système a échoué. Les Algériens ont fait l’amère expérience. Ce qui explique leur détermination à rompre avec ce système. Cette volonté s’exprime dans le slogan : yetnahaw ga3. C’est à partir de là que l’on pourra alors rêver d’une justice libre.   

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Publié par Ait Benali Boubekeur - dans Actualité

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