
« Quiconque transgresserait ce que nous avons décidé sera accablé par Dieu de misère, de faim et d’humiliation, en ce monde et en l’autre », extrait de la décision d’exhérédation de la femme kabyle en 1749 par la réunion des arrouchs.
Décidément, l’organisation des arrouchs est porteuse de tous les malheurs. Cela dit, cette décision ne peut être expliquée que lorsqu’elle est remise dans son contexte. En revanche, il est inconcevable de défendre, au XXIème siècle, une telle transgression. Hélas, il a suffi d’une publication anodine sur facebook pour que les détenteurs de la morale du « peuple kabyle » pètent les plombs.
Ainsi, Amira Bouraoui a réussi à sortir de leurs gonds les « gardiens du temple ». Or, même si on n’est pas obligé de cautionner sa façon de s’exprimer –cela dit, personne n’a le droit de la juger sur son attitude –, il n’en reste pas moins que la question du statut de la femme en Kabylie laisse à désirer. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle est doublement punie. Tout d’abord par cette tradition rétrograde et plus tard par le code de la famille qui fait d’elle –au même titre que ses compatriotes de toutes les régions du pays – une mineure à vie.
Toutefois, dans les quelques réponses au post d’Amira Bouraoui, certains revendiquent fièrement que cette tradition avait le mérite de rompre avec l’islam. Quelle méconnaissance du contexte. Et pourtant, tous les arguments des conclavistes étaient teintés de religiosité. Mais, l’essentiel pour ces donneurs de leçon est de nier l’imprégnation de l’islam dans toute la société. C’est comme si être anti islam est un signe de progression et de modernité.
Bien entendu, cette propagande est orchestrée par les partisans de Ferhat Mehenni. En refusant d’être Algériens –à la limite, c’est leur droit –, ils s’attaquent à tout Algérien donnant son avis sur la Kabylie. C’est comme si le MAK représente toute la Kabylie. Or, il suffit de voir les grandioses manifestations du hirak en Kabylie pour se rendre compte que ce mouvement indépendantiste n’est présent que sur les réseaux sociaux.
Dans la réalité, la solution n’est pas dans les discours d’exclusion ou dans la course à l’extrémisme. Bien que le hirak se mette en sourdine à cause de la pandémie, ses revendications sont les seules à même de sortir le pays de cette impasse. La refondation d’une nouvelle République et l’instauration de l’État de droit sont les garants de la nouvelle Algérie apaisée.
Ce jour-là, ces questions ne se poseront plus, car l’État de droit protégera toutes les citoyennes et tous les citoyens. Au diable alors les détenteurs de la morale raciste et de la morale fondée sur les pratiques rétrogrades. Quant à ceux continueront à rejeter l’Algérie, et bien, ils pourront prolonger sine die leur séjour en Europe et en Amérique.