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16 juillet 2020 4 16 /07 /juillet /2020 19:30

L’interview d’Abdelmadjid Tebboune au journal l’opinion ne passe pas inaperçue. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle suscite beaucoup de réactions. Sans aucun chauvinisme, on peut aisément dire que face aux médias français, le débat devient par enchantement plus profond. Est-ce que la presse algérienne, dont il loue le mérite –160 titres, d’après ses dires –, ne peut pas accomplir une telle tâche ? En partie oui. Car la presse algérienne ne veut pas non plus s’émanciper. Ce qu’elle ignore en revanche, c’est qu’à force de se dévaloriser par « la chita », dont elle seule a le secret, le régime ne la respecte même pas. Ainsi, lors de ses rencontres avec Tebboune, les représentants de la presse nationale –pour ne pas être méchant –ne font pas honneur à leur profession.

Toutefois, s’il y a une partie de l’interview où l’on peut être d’accord, c’est quand il traite du sujet inhérent à la mémoire. Mais, il faudrait préciser un détail capital : si le régime utilise la mémoire en vue de se pérenniser au pouvoir, il n’en est pas de même de la plupart des Algériens qui sont attachés à la mémoire en signe de reconnaissance à l’œuvre herculéenne de leurs aînés. Du coup, si nos valeureux chouhadas ont accompli leur mission, la question qui se pose véritablement est de savoir à quel niveau ça coinçait pour que notre pays reste dans le sous-développement endémique ?

Contrairement à la ligne de défense du chef de l’État, le mal algérien ne remonte pas à la maladie de Bouteflika. Incontestablement, « l’Algérie a souffert de la maladie de l’ex-président et surtout du gaspillage des gangs qui l’entouraient », pour reprendre son expression, mais le véritable mal a commencé en 1962 quand un groupe d’officiers, basés aux frontières, a décidé de s’emparer du pouvoir et de se substituer à la volonté du peuple. Pour résumer les différentes périodes, il suffit de compter le nombre de constitutions adoptées depuis l’indépendance. Chaque chef de l’État en rédige une à la mesure de ses ambitions. D’ailleurs, si Bouteflika était en bonne santé, au bout du cinquième mandat, l’Algérie serait appelée « République de Bouteflika ».

Cependant, bien que le chef de l’État actuel démente toute velléité de copier le même modèle, il n’en reste pas moins qu’il ne déroge pas, dans les actes, à la même conduite. En effet, de Ben Bella à Tebboune, ce sont les commissions d’experts qui établissent la mouture du texte fondamental. Et pourtant, dans la logique des choses, ce sont les citoyens, à travers leurs représentants légitimes, qui rédigent la constitution. Et si ce même peuple décide d’annuler ladite constitution, il pourra le faire en toute souveraineté. Est-ce que les 13 millions d’Algériens qui sont descendus dans la rue en février 2019, comme le reconnaît Tebboune, ont réussi à le faire ? La réponse est non. À la place des articles 7 et 8 que scandaient les manifestants, Gaid Salah a imposé l’article 102 dont la finalité consistait à sauver le régime et sa constitution de 2016.

En somme, le problème des dirigeants qui ne rendent pas compte à leur peuple, c’est qu’ils peuvent tenir un discours le matin et soutenir l’inverse le soir. Ainsi, la transition qui a été décriée avec autant de véhémence en février 2019, allant jusqu’à traiter ses promoteurs d’agents au service des puissances étrangères, ne l’est plus face au journaliste de l’opinion. « En principe, j’ai été élu pour un seul mandat… C’est une transition qui ne dit pas son nom », dit-il. En d’autres termes, ils sont d'accord pour que toutes les transitions aient lieu à la seule condition que le pouvoir ne soit pas restitué au peuple. Cela se vérifie sur le terrain à travers les arrestations massives des militants du hirak pour des simples publications sur les réseaux sociaux. À vrai dire, les principes démocratiques et le respect des droits de l’homme ne doivent pas être claironnés, mais il est primordial de les appliquer. Sur ce point, les Algériens sont témoins des 7 mois de Tebboune à la tête de l’État.  

  

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Publié par Ait Benali Boubekeur - dans Actualité

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