Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
23 juillet 2020 4 23 /07 /juillet /2020 21:24

Dans sa récente rencontre avec « les journalistes » algériens, Abdelmadjid Tebboune paraît dans une école où il apprend à des petits gamins gentils et obéissants sa leçon. Pire encore, quand un journaliste acquiesce en hochant la tête à chaque réponse de son interviewé, il discrédite avant tout sa profession. Et pourtant, il y a quinze jours, ces deux lascars auraient pu apprendre leur métier lors de l’interview de Tebboune avec le journaliste de France 24. Malheureusement, quand la pusillanimité prend le dessus sur l’honneur, la formation ou le métier n’y peut rien.

En tout cas, ce que l’on peut retenir dans cet exercice pénible, c’est que le chef de l’État ne compte pas exclure les Algériens de participer à la gestion de leurs affaires. Car, explique-t-il, les réalisations sont faites pour eux et non pas dans l’intérêt du régime. Mais, pour qu’ils aient cette opportunité, il faudrait qu’ils le rejoignent. En d’autres termes, dans le cadre du cap qu’il fixe lui-même. Or, dans les pays qui se respectent, le chef de l’État n’est qu’un salarié du peuple pour une durée où il l’autorise à exercer son mandat. Et quand le peuple n’adhère pas à ce projet, c’est que le chef de l’État ne peut pas se prévaloir de la légitimité de ce même peuple.

Hélas, cette histoire ne remonte pas à 2019. La confusion entre l’État et le pouvoir n’est pas près de connaître son épilogue. En effet, depuis 1962, le pouvoir exécutif a dévoré tous les pouvoirs. Bien qu’une opposition se soit manifestée dès septembre 1962, les usurpateurs du pouvoir ont poursuivi méthodiquement leur œuvre de la spoliation des Algériens de tous leurs droits. À une certaine époque, il était même dangereux d’émettre le moindre avis politique. Pendant 26 ans de règne sans partage du parti unique, le régime n’a jamais cédé la moindre parcelle de liberté. Et quand les jeunes algérois ont payé de leur sang le prix du pluralisme, le régime a réussi la plus grande tromperie de l’histoire.

En fait, quand un pays change de politique, cela doit impliquer forcément le départ de l’équipe qui a échoué. Or, en 1988, malgré l’échec cuisant du régime, il a réussi à convaincre –plutôt à gruger –le peuple algérien qu’il était le mieux placé pour mener les réformes. En maintenant le peuple à l’écart, ces réformes ont donné lieu à une lutte intestine au sommet du pouvoir entre les réformateurs et les conservateurs. La victoire des conservateurs après l’arrêt du processus démocratique a replongé l’Algérie dans une période plus alambiquée d’avant l’ouverture.

Pour relever sa tête, le peuple algérien a attendu 2019 pour renouer avec la contestation organisée. Hélas, les manifestations gigantesques du 22 février 2019, saluées par ailleurs par tous les pays, n’ont pas suffi à provoquer le changement radical du système. Ailleurs, là où le citoyen est respecté, 1/100eme de la mobilisation algérienne aurait donné lieu à des chamboulements profonds.

En Algérie, en actionnant l’article 102 de la constitution –alors que le peuple exige l’application des articles 7 et 8 –, le haut commandement militaire a décidé de sauver le système, et ce, malgré la protestation de plusieurs millions d’Algériens. Cela dit, refusant le marché de dupes, les Algériens ont continué à manifester jusqu’à la mi-mars. Hélas, la crise sanitaire est passée par là. Désormais, le nouveau représentant du régime peut reprendre les mêmes éléments de langage que ses prédécesseurs. Combien de fois on a entendu les chefs de l’État dire aux Algériens : « on travaille pour vous. Celui qui veut être un bon citoyen n’a qu’à venir nous épauler ».

Dans le fond, aucun n’a servi le peuple. Aucun n’a rendu des comptes. D’ailleurs, comment peuvent-ils rendre des comptes quand ils estiment que leur autorité est supérieure à celle du peuple ? Encore une fois, même si l’élection n’est pas entachée d’irrégularités, le premier magistrat du pays n’est qu’un simple citoyen exerçant le mandat que lui a confié le peuple. En étant rémunéré, il doit prouver tous les jours qu’il mérite un tel salaire. Et surtout, il ne doit en aucun cas insinuer qu’il est le maître du pays. Car, le seul maître du pays, c’est celui qui donne le mandat. Et celui qui donne le mandat, c’est le peuple.  

Partager cet article
Repost0
Publié par Ait Benali Boubekeur - dans Actualité

Contactez-Moi

  • : Blog AIT BENALI Boubekeur
  • : L’école algérienne ne s’est pas attelée, en ce qui concerne l’enseignement de l’histoire, à la transmission du savoir. L’idéologisation de l’école l’a emporté sur les impératifs de la formation. Or, les concepteurs de ces programmes préfèrent envoyer leurs enfants dans des écoles occidentales. Du coup, la connaissance de l'histoire ne passe pas par l'école.
  • Contact

  • Ait Benali Boubekeur
  • Il est du devoir de chaque citoyen de s’intéresser à ce qui se passe dans son pays. C'est ce que je fais modestement.
  • Il est du devoir de chaque citoyen de s’intéresser à ce qui se passe dans son pays. C'est ce que je fais modestement.

Recherche

Catégories