
Décidément, les polémiques sur le dos du hirak ne sont pas près de s’arrêter. Après les éradicateurs de la place de la République qui ont pourri l’atmosphère depuis fin juin 2020, c’est désormais autour de Zitout de remettre une couche. Et pourtant, jusqu’à son dernier appel –par devoir d’honnêteté, il faut rappeler qu’il précise que de cette violence va intervenir en cas de risque de scission du pays –, force est de reconnaître que ces discours étaient jusque-là en accord avec l’esprit pacifique du hirak.
Bien entendu, tous les appels à la violence sont condamnables sans réserve. Le pays a assez sacrifié le sang de ses enfants sur l’autel des luttes idéologiques. Cela dit, les premiers à s’en prendre violemment à Zitout n’ont pas fait autant en juin 2018 quand Ferhat Mehenni a appelé à former les groupes d’autodéfense en Kabylie. Pour un démocrate sérieux, il ne devrait pas y avoir de double discours.
Toutefois, dans cette condamnation sans réserve de l’appel de Zitout, il n’est pas honnête d’exploiter cette faute pour servir des intérêts étroits. Tout le monde peut comprendre que Zitout s’adresse aux partisans de Ferhat Mehenni et non pas à tous les Kabyles. Or, le site du MAK veut brouiller les cartes. Pour les rédacteurs de la réplique à Zitout, ils disent que des vidéos « dévoilent toutes les intentions prévisibles de Rachad et ses cadres de vouloir recourir aux armes contre leurs détracteurs qui sont en majorité écrasante des Kabyles ».
Ceci est évidemment faux. Tout d’abord, c’est Zitout qui menace et non pas les militants de Rachad. C’est valable en 2018 quand Ferhat Mehenni a appelé à armer ses partisans. On ne peut pas incomber cette menace à tous les militants du MAK. La preuve : une partie a quitté le navire et a même créé une autre organisation.
Cependant, les Algériens ont dépassé ce stade de barbarie. Ils ont surtout d’autres préoccupations. Et ce n’est pas un hasard que ce genre d’appel soit émis à l’étranger. Malgré les injustices, les citoyens vivant sur place ont un autre esprit de la lutte. En effet, depuis février 2019, toutes les manifestations sont un exemple de civisme, de pacifisme et de maturité du peuple algérien.
À vrai dire, le seul mal de l’Algérie, c’est son régime politique. La démocratisation effective des institutions permettra surement d’éviter ce genre d’appel à la violence. Car, une Algérie apaisée est celle qui dialogue idée contre idée et non une Algérie qui fait de la surenchère de la violence.
Pour paraître un rempart incritiquable, l’armée ne devrait pas participer, de façon directe ou indirecte, à la compétition politique. C’est la raison pour laquelle le hirak réclame un État civil et non un État militaire. Ainsi, si elle est au-dessus de ces manœuvres politiques, elle mettra en échec toutes ces tentatives de violence et de scission sans qu’elle soit accusée d’être une partie de l’équation politique.