
Depuis le début du confinement, la vie politique algérienne est réduite aux manœuvres du régime. Celles-ci se résument évidemment à contrer vaille que vaille la contestation populaire. Le prolongement partiel du confinement jusqu’au 13 juin en est la preuve. D’ailleurs, à comparer avec les stratégies adoptées en Europe, on peut dire que le confinement algérien n’est pas exempt d’arrière-pensée politique. En effet, est-ce que ces mesures s’appliquent à tout le monde ? Les alliés sont libres de mener leurs activités en toute quiétude.
En tout cas, pour faire face à la pandémie, il ne peut pas y avoir de demi-mesures. Les gouvernements réellement issus des peuples ont décrété le confinement total. En contrepartie, ils ont assuré leurs concitoyens de mobiliser tous les moyens pour subvenir à leurs besoins. Cette stratégie s’est avérée payante puisque tous ces pays ont mis fin au confinement depuis plusieurs semaines. De même que les pauses politiques ont été la règle. En France, par exemple, la réforme de la retraite a été gelée, car la seule urgence était de gérer au mieux la pandémie.
En Algérie, les choix du gouvernement Djerad répondent à des considérations politiques. Ne pouvant être à la hauteur des besoins de la population, Djerad a décrété un confinement partiel. C’est comme si le virus pouvait être compréhensif lors de la tranche horaire où le confinement n’était en vigueur.
En revanche, sur le front politique, le régime a déployé tous ses efforts en vue de reprendre la situation en main. Le but étant d’interdire tout rassemblement politique ou toute contestation. Pendant la période de confinement, les arrestations, les convocations et les condamnations des militants n’ont pas connu de pause. Sur cette période, elles dépassent largement le nombre de détenus depuis le 22 février 2019.
Et pourtant, dès le mois de mars 2020, toutes les activités du hirak sont suspendues. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’à ce rythme, le nombre de détenus d’opinion dépassera bientôt le nombre de détenus de droit commun. Quel est alors le tort de ces militants ? C’est de ne pas croire aux mensonges du régime qui tente de faire croire à l’opinion qu’avec le même personnel, les mêmes pratiques, les mêmes abus, il pourrait bâtir une nouvelle Algérie. Hélas, ce qui est dans l’ADN du régime ne peut pas être chassé. Chaque jour, la réalité du terrain montre une contradiction flagrante entre le discours et les pratiques.
Dans le même temps, le régime poursuit paisiblement le règne du passé. Bien que la nouvelle constitution porte l’empreinte de Tebboune, dans le fond, il ne s’agit que de la photocopie de la constitution de Bouteflika, à quelques exceptions près. Ainsi, le poste de vice-président constitue la nouveauté. Mais, cela ne devrait pas concerner le peuple algérien, car cette désignation relève des prérogatives du « président ».
De même, quand le discours officiel parle de la nouvelle Algérie, cela ne signifie pas la rupture avec le passé. Et pour cause ! La nouvelle constitution sera adoptée par le parlement de la fraude, taillé à la mesure des ambitions de Bouteflika. Les partis qui vont mener la campagne médiatique seront également les mêmes. Alors que le mouvement de contestation est paralysé par les mesures de confinement, les deux courroies de transmission du régime, à savoir le FLN et le RND, ont pu tenir leurs congrès extraordinaires sans aucune difficulté. C’est la preuve que le nouveau régime –et non pas la nouvelle Algérie –a choisi son camp.
Or, pour le simple citoyen algérien, ces deux partis sont à l’origine de la ruine du pays. Et quand les manifestants –il y avait des marches où plus de 20 millions d’Algériens étaient dans la rue –réclamaient le départ du régime, ils entendaient la fin de l’influence de ces deux partis sur la vie politique du pays où tous les échelons de leurs partis sont gangrénés par la corruption. Et ils appellent ça le changement.