Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
14 juin 2020 7 14 /06 /juin /2020 13:56

Bien entendu, le propos concerne la comparaison des deux organisations. Il ne s’agit en aucune cas de disculper le régime ou de minimiser sa violence sur la société, et ce, depuis l’usurpation du pouvoir en 1962. En fait, la différence principale, c’est le pacifisme du hirak et la volonté –d’une partie du mouvement arrouch soutenu par des délégués pyromanes –d’en découdre. Et si le hirak avait adopté la moindre posture des arrouch, le mouvement aurait été maitrisé depuis le début.

Toutefois, il faut préciser que ni l’époque ni le contexte ne sont semblables. Le 18 avril 2001, un jeune innocent, Guermah Massinissa, a été lâchement assassiné par des gendarmes de Beni Douala. Dans les pays qui se respectent, les dignes dirigeants du pays auraient éteint l’incendie en prenant des positions courageuses.

Hélas, au lieu de tenir un discours d’apaisement, le sinistre de l’Intérieur de l’époque, Yazid Zerhouni, a rajouté de l’huile sur le feu en déclarant que le jeune lycéen, achevé dans l’enceinte de la gendarmerie nationale, était « un voyou ». Cette déclaration suffit à discréditer le pouvoir. Car, une République dirigée par des hommes de valeur ne tue pas ses enfants même lorsqu’ils s’écartent de l’ordre public.

Ces déclarations ont provoqué –ce qui est normal –des réactions dans toute la région. Étant moi-même membre du comité de village, nous avons organisé aussitôt des assemblées générales dans nos villages d’abord et ensuite dans la commune. Toutes les décisions prises localement tendaient vers des actions pacifiques.

En tout cas, là où les comités de village avaient le contrôle de la situation, il n’y avait pas beaucoup de victimes. Mais, dans les grands centres, la donne n’était pas la même. Les associations citoyennes de Tizi Ouzou et Bejaia (ACT et ACB), présidées par Aissat Rachid, ancien colonel du DRS et conseiller de Bouteflika aux affaires kabyles, il y avait une recrudescence de violence sans commune mesure.

Sans vouloir revenir en détail sur cette période, je peux dire que dans nos villages reculés, on doutait que le feu de la fitna ait été nourri à dessin. En tant qu’un des représentants éphémères de ces comités de village, j’ai eu la confirmation que des délégués cherchaient volontairement l’effusion de sang, alors que dans nos villages, les citoyens émettaient le vœu qu’aucun jeune ne tomberait sous les balles du régime assassin.

Ces manipulations ont atteint leur apogée un certain 14 juin 2001. Alors que dans nos villages reculés, les consignes étaient de se rendre à Alger sans la moindre arme blanche, les délégués pyromanes n’avaient donné aucune consigne. Là encore, je témoigne de ce que j’ai vu. Une partie des manifestants n’y croyait pas du tout à l’esprit pacifique. Sur tout le parcours, on pouvait remarquer des gens armés de barre de fer, de tir-boulettes, etc. En un mot, ceux qui ont nourri le feu de la fitna en Kabylie voulaient le propager à la capitale. Surtout, de grâce, qu’on me dise pas que je cherche à disculper le régime, car ce même régime est né avec la violence et ne se maintient que par la violence.

Saisissant la balle au bond, le régime a interdit toute manifestation dans la capitale depuis le 14 juin 2001. Ainsi, de 2001 à 2019, toutes les tentatives de manifester ont été réprimées dans le sang. Rappelons-nous des médecins tabassés pour avoir réclamé davantage  de moyens en vue de mieux soigner les Algériens. Et si le pouvoir ne voulait pas imposer un homme mort-vivant à la tête de l’État, la capitale serait toujours interdite à toute manifestation politique.

Profitant de cette erreur du régime, le peuple algérien s’est réapproprié la rue. Contrairement à 2001, les pyromanes ont été contenus dès le début du hirak. Rappelons-nous des jeunes qui protégeaient les fourgons de la police, car des rumeurs circulaient sur la tentative des issabates de semer le désordre. Sur le plan idéologique, le hirak a remis tout le monde à sa place. Il a rejeté les éradicateurs et les intégristes, car ils sont en partie responsables des malheurs du peuple algérien.

Cela dit, le hirak ne rejette par les partis, comme l’ont fait les arrouchs. Il n’y a pas non plus la recherche de l’unicité politique. Sur ce point, le hirak est tout le contraire des arrouchs qui incendiaient les sièges des partis politique en Kabylie. Et pourtant, quelques années plus tard, ces mêmes arrouchs se sont retrouvés alliés d’Ahmed Ouyahia. En 2005, soit 4 ans après les événements, le FLN et le RND ont été majoritaires dans plusieurs municipalités en Kabylie. C’est la raison pour laquelle le hirak ne doit pas s’inspirer ni de loin ni de près de cette organisation monstrueuse.

    

  

Partager cet article
Repost0
Publié par Ait Benali Boubekeur - dans Actualité

Contactez-Moi

  • : Blog AIT BENALI Boubekeur
  • : L’école algérienne ne s’est pas attelée, en ce qui concerne l’enseignement de l’histoire, à la transmission du savoir. L’idéologisation de l’école l’a emporté sur les impératifs de la formation. Or, les concepteurs de ces programmes préfèrent envoyer leurs enfants dans des écoles occidentales. Du coup, la connaissance de l'histoire ne passe pas par l'école.
  • Contact

  • Ait Benali Boubekeur
  • Il est du devoir de chaque citoyen de s’intéresser à ce qui se passe dans son pays. C'est ce que je fais modestement.
  • Il est du devoir de chaque citoyen de s’intéresser à ce qui se passe dans son pays. C'est ce que je fais modestement.

Recherche

Catégories