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21 juin 2020 7 21 /06 /juin /2020 08:37

La répression qui s’est abattue sur les manifestants du 19 juin 2020 est immorale et injustifiée. Et pour cause ! Le régime ne peut pas la justifier par la propagation du virus. Car, lorsqu’il s’agit de ses alliés, le FLN et le RND, il n’y a pas eu de restrictions de se rassembler en pleine période de confinement. Plus grave encore, en plein congrès du FLN, un candidat a été exclu pour cause de coronavirus. Cela n’a pas empêché le parti cher à Tebboune de poursuivre ses travaux.

En tout cas, il est difficile de nous faire croire que cette répression a pour but de préserver la santé des Algériens. Certaines arrestations sont d’une violence inouïe, à l’image de ce manifestant se retrouvant avec deux jambes cassées. Et ceux qui sont libérés après une pénible garde à vue s’en sortent avec des amendes pécuniaires équivalentes à la moitié du SMIC. D’où la question suivante : si ces amendes sont faites pour non-respect du confinement, pourquoi les congressistes du RND et du FLN ne sont pas soumis au même traitement ? C’est là où qu’on comprend que le régime est inégalitaire et injuste. Et si sa préoccupation était réellement la santé des Algériens, il penserait sans doute à préserver celle de ses alliés.

Sur le plan sécuritaire, est-ce que cette répression est justifiée ? La réponse est non. Il est évident que le régime, qui s’est insaturé en dehors de tout contrôle populaire, n’est pas menacé. De coup d’État en coup d’État, le régime s’est renforcé à tel point que beaucoup de personnes le confondent avec l’État ou même avec le peuple algérien. Même si le peuple algérien parvient à réunir près de 4/5eme dans les rues, le régime continue à ignorer toutes ses demandes. La raison est simple : il s’en fout éperdument des préoccupations des Algériens.

Bien qu’il développe un faux discours nationaliste, il n’en reste pas moins que son maintien ne s’explique que par les privilèges qu’il tire de l’exercice du pouvoir. Quand on contrôle des milliards de dollars issus des hydrocarbures, et ce, sans être obligé de rendre compte à personne, il est difficile de céder la place. Avec les années, il a perfectionné des méthodes en vue de garder la main –quoi qu’en pense l’écrasante majorité du peuple algérien –sur la rente pétrolière. Malheureusement, au lieu d’être un atout pour le développement du pays, cette ressource est le premier obstacle de l’Algérien pour qu’il accède à sa liberté.

Du coup, ceux qui tablent sur le départ rapide du régime se trompent. En fait, de n’importe quel angle qu’on analyse la situation, il est évident que le régime s’accrochera toujours à ses privilèges. Habitué à piéger ses opposants en les ramenant sur le terrain de la violence, le régime parvient sans peine à les détruire. Or, depuis le 22 février 2019, le peuple algérien a trouvé une arme imparable : le combat pacifique, et ce, quelles que soient les provocations.

Hélas, ce vendredi 19 juin 2020, quelques jeunes à Bejaia ont perdu leur sang froid. Cette attitude risque malheureusement de servir le régime. Et s’il parvient à entrainer ce mouvement sur son terrain de prédilection, ce sera fini de l’espoir démocratique qu’a incarné le hirak depuis 2019. Cela étant dit, cette répression, encore une fois, est injustifiée, car cette jeunesse ne menace par les intérêts du pouvoir en place. La rente pétrolière reste toujours dans l’escarcelle du régime.

Enfin, il va de soi que le hirak doit s’inscrire dans un combat exclusivement pacifique. D’essence nationale, ce mouvement doit préserver son caractère national. De la même façon, les mouvements politiques ne doivent pas tenter de diriger le hirak. Car, la meilleure façon de rendre service au régime est de politiser le hirak. Rappelons-nous de l’échec des manifestations de février 2011 en Algérie. En d’autres termes, les manœuvres du  mouvement Rachad sont contreproductives. Cette remarque vaut pour toutes les formations politiques. C’est du moins la règle tacite qui a permis la longévité du hirak. Car, si cette dynamique est cassée, c’est l’espoir démocratique qui disparaîtra.

  

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Publié par Ait Benali Boubekeur - dans Actualité

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