
Dans toutes les périodes cruciales que notre pays a traversées, les étudiants ont joué amplement leur rôle. Mais, il faut reconnaître que leur apport à la révolution du sourire dépasse toutes les prévisions. Cette conscience est indubitablement héritée de l’engagement de leurs ainés pendant la guerre de libération.
En effet, le 19 mai 1956, les étudiants ont décidé collectivement de quitter les bancs des universités –les lycéens ont aussi suivi le même mot d’ordre –pour rejoindre les maquis. Pour eux, un diplôme sous la domination coloniale n’aurait fait de l’étudiant qu’un bon cadavre.
Cependant, bien qu’il ne faille pas comparer le régime colonial avec la gestion chaotique postindépendance, force est de reconnaître que le régime ne se soucie pas de l’avenir des étudiants. L’absence de perspective –sauf pour les enfants des oligarques où des moyens faramineux sont mis à leur disposition –pousse l’étudiant, avant même la fin de leur cursus pour certains, à quitter le pays. Car, un diplôme sous la domination de la junte ne ferait au mieux de l’étudiant qu’un bon chômeur. Et ça, c’est avant le 22 février 2019.
Cela dit, dans cette crise postindépendance, la responsabilité n’incombe pas totalement au régime. Bien évidemment, les réactions violentes du régime ont dissuadé les citoyens à s’immiscer de leurs affaires. Mais, au fond, c’est cette pusillanimité qui a permis au régime de conduire les affaires du pays sans aucun contrôle. Ce qui a conduit hélas à l’une des pires gouvernances : le règne de Bouteflika où malgré une aisance financière, le régime a ruiné le pays.
Or, dans tous les pays, quand un régime échoue, un changement de gouvernance s’impose. Car, dans la plupart des cas, la crise est liée au choix du type de régime. Bien que cela n’échappe pas à la grande majorité du peuple algérien, le régime tente de se régénérer en adoptant un nouveau discours, mais tout en gardant les mêmes pratiques. Comment peuvent-ils convaincre les citoyens quand 95% –si ce n’est pas plus –des fidèles de Bouteflika sont toujours aux commandes ?
En tout cas, ce n’est pas à cette jeunesse consciente qu’il faudra vendre ce plan diabolique. Pour déjouer donc ce plan machiavélique, il faut reconnaître que le rôle de la jeunesse en général et des étudiants en particulier a été et est capital. Ils savent que le maintien du même régime ne peut reproduire que les mêmes effets. Ainsi, en sauvant le pays, c’est leur avenir qu’ils sauvent également. Et ça, les étudiants l’ont bien compris. D’où leur persévérance.
De la même manière, quand la crise sanitaire a nécessité une pause, les étudiants sont les premiers à suspendre leurs marches hebdomadaires. Cette sagesse prouve que les étudiants sont à la hauteur des enjeux. Hélas, ils font face à un régime démoniaque qui profite de cette pandémie pour intimider, voire emprisonner, les animateurs du mouvement pour leurs publications sur les réseaux sociaux. Pour la plupart, ces animateurs sont jeunes. Ainsi, au lieu d’être une chance pour le pays, cette merveilleuse jeunesse est perçue comme une menace par le régime. Heureusement, cette répression ne les dissuade pas.