
Lorsque les intolérants s’expriment, la raison s’éloigne. C’est ce à quoi on assiste depuis quelques jours. Le mouvement extrémiste, dirigé par Ferhat Mehenni, réagit violemment à une contribution de l’homme sulfureux, Mohamed Sifaoui. Dans cet échange, on comprend réellement ce que veut dire l’extrémisme. Car, la teneur de leurs attaques ne sert ni la démocratie et encore moins l’Algérie.
Toutefois, pour être réaliste, l’idée de l’indépendance de la Kabylie est avant tout une démarche revancharde d’un homme n’ayant aucune place dans l’échiquier politique algérien. En ce sens, elle est dangereuse pour le pays. Cela dit, les citoyens de la région n’ont pas attendu Mohamed Sifaoui pour dénoncer ce projet pernicieux.
Par ailleurs, ce qui est mauvais pour le pays ne l’est pas forcément pour le régime. Car, si le régime se sent en danger, il n’hésitera pas à exploiter ce projet irréaliste et irréalisable pour paraître comme le rempart de l’unité nationale. Alors que la seule chose qui intéresse le régime est la main basse sur la rente pétrolière.
Et pourtant, ce territoire, appelé jadis wilaya III historique, n’a aucune leçon de nationalisme algérien à recevoir de la part de ceux qui ont mis le pays à genoux. Et à chaque moment clé de notre histoire, les citoyens de cette région ont toujours œuvré et œuvrent toujours, avec abnégation et amour, pour la pérennité de la chère patrie, l’Algérie.
Hélas, dans tous les pays, quand la crise politique dérape, des courants extrémistes voient le jour. Et là où ces courants avaient de l’influence, les conséquences étaient fâcheuses. Ainsi, c’est l’esprit revanchard d’Hitler qui a conduit à la Seconde Guerre mondiale. De même, la revanche de Staline contre ses adversaires à la succession de Lenine a conduit à la pire dictature des temps modernes. Enfin, dans les années 1990, si le FIS avait pris le pouvoir –on peut toutefois lui reconnaître sa victoire électorale –, il aurait insaturé un système exclusif, violent et antidémocratique. Il faut rappeler que le régime nourrit ces ingrédients depuis 1962.
Riche de cette expérience et malgré la déception, la grande majorité des citoyens de la région ne suivent pas Ferhat Mehenni dans ses délires. Ainsi, en 2019, au tout début du hirak, son appel à ne pas adhérer au hirak a été un fiasco. De la même manière, les manifestants ont répondu formidablement à son insulte au drapeau des chouhadas en brandissant, lors de la manifestation suivant son appel, le plus grand drapeau national confectionné depuis le début du hirak. Sans oublier que toutes les tentatives de ses partisans de perturber les grands rassemblements se sont terminés par leur renvoi poli des lieux.
Malheureusement, la période de confinement, où le hirak n’occupe plus le terrain, cela donne une fausse impression au MAK qu’il représente quelque chose. Dans une déclaration sur son site, le MAK se prend pour le gardien du temple. Ainsi, pour défendre un territoire dont ils n’ont ni le contrôle ni le monopole, ils vont jusqu’à menacer Mohamed Sifaoui. « Ignore-t-il le risque encouru en se mettant à dos le peuple kabyle », écrivent-ils toute honte bue.
Mais, quel est ce peuple qui se cache derrière l’autorité de Ferhat Mehenni ? Ce n’est surement pas les millions d’Algériens qui manifestaient, avant le confinement, à Tizi Ouzou, Bejaia, Bouira, Boumerdes, Jijel, Sétif, etc. En tout cas, bien que le hirak observe une pause politique exigée par les conditions sanitaires, le combat n’est pas près de s’arrêter ni de rendre le tablier.
Que ce soit au centre, à l’Ouest, à l’Est, au Sud, le peuple algérien poursuivra dignement sa quête de la liberté. Comme il l’a montré depuis plus d’un an de combat, le hirak ne cédera pas de terrain ni aux extrémistes identitaires, ni aux extrémistes religieux, ni aux usurpateurs de pouvoir depuis 1962. Il poursuivra surement le combat pour bâtir la nouvelle République, telle qu’elle est rêvée par les authentiques libérateurs. Dans cette nouvelle Algérie, il y aura de la place pour tout le monde. Et celui qui ne respecte pas ce nouveau cadre, il provoquera uniment son auto exclusion.