
La propagation du coronavirus inquiète tous les pays. Face à cette pandémie, les responsables soucieux de la santé de leurs compatriotes s’en remettent au corps médical. Non pas pour les soigner uniquement, mais aussi pour leur montrer la marche à suivre. L’objectif est de parvenir à endiguer le plus rapidement possible la pandémie qui menace leurs concitoyens.
Bien qu’en occident cette approche soit très tôt assimilée, dans certains pays, comme c’est le cas en Algérie, le citoyen est livré à soi-même. Pire encore, des hommes religieux n’hésitent pas à s’inscrire en faux avec les recommandations sanitaires de confinement. C’est le cas notamment de la critique d’Ali Belhadj concernant la fermeture des mosquées.
Et pourtant, les mesures nécessaires qui s’appliquent à tous les pays doivent l’être pour l’Algérie. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cette affaire dépasse amplement la foi. Car, le coronavirus ne reconnait ni les frontières ni les religions. Du coup, en l’absence d’une autorité légitime pouvant accompagner le peuple et compte tenu du déphasage du discours religieux avec la réalité, tous les espoirs reposent sur le hirak. Les campagnes de sensibilisation et de mobilisation étayent d’ailleurs cette thèse.
Malgré l’acharnement du régime contre les animateurs du hirak –chaque jour, le pouvoir exécutif redouble de férocité en condamnant et en convoquant des innocents –, le hirak adopte une attitude exemplaire en maintenant la suspension des marches hebdomadaires. Mieux encore, les pratiquants-manifestants n’ont nullement suivi les prêches d’Ali Belhadj. Ce qui prouve que le hirak ne s’inspire ni des putschistes de 1962 ni des islamistes des années 1990.
Toutefois, quelle que soit la dureté de l’épreuve, cette pandémie sera surmontée un jour. Et là, il faudra vraiment se poser les questions judicieuses. Est-ce que l’Algérie pourra s’en sortir avec le maintien du même régime ? Le hirak n’a d’autres choix que de poursuivre le combat. Sans démagogie, cela va de la survie de notre pays.
D’ailleurs, comment peut-on avoir confiance envers ce régime qui demande au peuple de payer ses échecs, au moment où dans le monde entier, les gouvernements rassurent leurs concitoyens sur leur aide indéfectible. Faut-il rappeler qu’en moins de deux décennies, ce même régime –auquel a participé Tebboune –a massacré plus de 1000 milliards de dollars.
Enfin, il va de soi aussi que des leçons vont être tirées au niveau mondial. Tous les spécialistes prônent de nouveaux modèles économiques. Ainsi, la remise en cause du modèle actuel devrait toucher, à en croire Jacques Attali, tous les pays. « À chaque fois qu’une pandémie ravage un continent, elle discrédite le système de croyance et de contrôle, qui n’a pas su empêcher que meurent d’innombrables gens ; et les survivants se vengent sur les maîtres, en bouleversant le rapport à l’autorité », écrit-il.
En Algérie, force est reconnaitre que les exigences sont doubles. D’abord, en s’inscrivant dans la dynamique mondiale pour le changement de système. Ensuite, en poursuivant son propre combat, entamé depuis le 22 février 2019. En attendant, il faudrait respecter le temps de la pandémie. La vie des militants est plus importante que toute victoire politique.