
Sans adhérer à la moindre théorie de complot, avec l’accélération de la pandémie, le régime algérien doit se frotter les mains. En effet, contrairement aux précédentes décennies où les alternances claniques se passaient sans ambages, depuis le 22 février 2019, le hirak refuse toute solution émanant du système inamovible, installé contre la volonté populaire en 1962.
Hélas, le serment de ne pas arrêter le combat pacifique jusqu’au départ de la mafia régnante est contrarié par la propagation du coronavirus. Cela dit, bien que la suspension des manifestations devienne une exigence sanitaire vitale, la pression politique, quant à elle, ne doit pas cesser pour autant. Car, pour le moment, aucun objectif du hirak n’a été atteint. Ni le départ des responsables de la crise, ni la mise en place des nouvelles institutions ne sont réalisés.
En dépit des déclarations d’autosatisfaction des officiels, les pratiques de la période Bouteflika n’ont pas disparu. Pire encore, les abus de pouvoir que l’on croyait révolus, tels que les kidnappings, reviennent comme à l’époque de la sombre décennie noire. Donc, avant de décréter la suspension des marches, le peuple algérien devrait évaluer le sens de son geste. En aucun cas, ça ne peut être un renoncement. Car, le maintien de ce même régime, c’est ni plus ni moins la poursuite de la même politique qui a échoué sur tous les plans.
Toutefois, dans le contexte sanitaire actuel, force est de reconnaître que la priorité n’est pas de poursuivre la forme actuelle de contestation. Car, ce virus n’offrira aucune seconde chance à nos concitoyens les plus fragiles. Du coup, le maintien des marches hebdomadaires, c’est jouer à la roulette russe. Pire encore, dans le barillet, ce n’est pas une seule cartouche que le suicidaire met, mais la totalité de la capacité.
À ce titre, et sans vouloir donner des leçons aux manifestants, il faudrait sérieusement peser les choix ? Est-ce que la révolution sera victorieuse si la population est décimée ? Il va de soi que chaque vie perdue inutilement est un échec. C’est la raison pour laquelle la suspension des manifestations est un impératif. Et si vous ne voulez pas adopter les gestes qui sauvent pour vous-mêmes, faites-le pour ceux qui veulent survivre à cette pandémie. Car, c’est une question de vie ou de mort.