
Depuis plus d’un an, la femme algérienne joue un rôle prépondérant au sein de la révolution du sourire. Si elle a été trahie après la révolution victorieuse de 1954, cette fois, ses sacrifices devront conduire à son émancipation totale. Et si la nouvelle République ne consacre pas une égalité effective entre l’homme et la femme, on ne pourra pas parler d’un vrai changement. Car, un pays où la moitié de sa population est sous tutelle ne peut être une République respectueuse.
C’est tout le sens de la revendication de passer à la deuxième République. Pour ce faire, les braves militantes sont omniprésentes, depuis le début du hirak, sur le terrain, et ce, bien que le climat sécuritaire soit loin d’être apaisé. Ainsi, à la veille de la célébration de la journée internationale de la femme, la capitale algérienne a été le théâtre de violence contre les manifestantes et les manifestants pacifiques.
Malgré les promesses de rupture avec les pratiques du passé, force est de reconnaître que le régime ne renonce pas à son outil de prédilection : la répression. D’ailleurs, comment pourrait-il se départir de cette pratique quand on sait que la violence a été le premier élément sur lequel s’est bâtie toute la politique du régime ? Donc, les promesses de Tebboune ne sont que des chimères. Comme dirait un ancien homme politique français, les promesses n’engagent que ceux qui les croient.
Par contre, ce qui n’est pas un secret de polichinelle, c’est que de la prise du pouvoir par la force en 1962 jusqu’au 22 février 2019, le régime a établi une domination sans partage sur toute la société. À cette punition collective, il s’ajoute, hélas, pour la femme algérienne, une humiliation supplémentaire : son infériorisation par les textes du régime. C’est le cas notamment du code de la honte, élaboré en 1984. Bien qu’il soit adopté sous la pression du courant islamiste, force est d’admettre que ces concessions n’ont été faites par le régime que pour faire derechef main basse sur la société.
Néanmoins, aux risques et aux périls de leurs vies, des Algériennes et des Algériens se sont opposés à cette hydre. Même si certaines féministes estiment à tort que la femme algérienne est livrée à elle-même, plusieurs mouvements progressistes soutiennent sans réserve l’émancipation totale de la femme. Mais, pour que cette émancipation soit effective, il faudrait d’abord libérer la société. Ainsi, pour ne pas se renvoyer la balle, on peut dire qu’avant le 22 février, la société vivait sous le code de l’indigénat prolongé sine die par le régime après l’indépendance. En effet, à aucun moment, le peuple algérien n’a été associé à la gestion des affaires le concernant.
Qu’on le veuille ou non, il y a un avant et un après 22 février 2019. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la partie est encore loin d’être gagnée. Car, c’est tout le système de gouvernance qu’il faudra revoir. Et s’il y a un point que la nouvelle République ne doit pas survoler, c’est le respect de la dignité de toutes les Algériennes et de tous les Algériens. En gros, c’est tout l’inverse de ce que l’on a vu les 7 et 8 mars 2020 à Alger.
Pour toutes ces raisons, la priorité, c’est d’abord de se débarrasser de ce système inique à tous points de vue. Est-ce que ce départ est une fin en soi ? La réponse est évidemment non. Dans le processus de construction de la nouvelle République, il faudrait que toutes les lois s’appliquent, sans distinction, à toutes les citoyennes et à tous les citoyens. Cela dit, il y aura sans doute des résistances. Les conservateurs de tous acabits vont sous sortir leur morale à un dinar. Tant pis pour eux, car la République juste n’a pas besoin d’état d’âme. Au diable ceux qui prétendent être supérieurs à d’autres Algériennes et à d’autres Algériens.