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22 février 2020 6 22 /02 /février /2020 21:45

S’il y a une question à se poser, c’est indubitablement la suivante : est-ce qu’il y a un seuil de mobilisation à partir duquel le régime pourrait accepter les doléances de la grande majorité du peuple algérien ? A priori, les chiffres ne font pas peur aux décideurs. Ainsi, après un an de mobilisation exemplaire –le monde entier salue l’esprit de responsabilité du peuple algérien –, le pouvoir de fait ignore les revendications légitimes du mouvement populaire.

Ailleurs, et notamment dans les pays qui se respectent, la classe dirigeante aurait abdiqué depuis belle lurette s’il y avait eu un dixième de la mobilisation algérienne. En France, par exemple, Emmanuel Macron a retiré toutes les mesures litigieuses en décembre 2018, et ce, en trois ou quatre semaines de la mobilisation des gilets jaunes. A leur summum de la mobilisation, les gilets jaunes n’ont réuni que près de 300000 manifestants dans toute la France. Ce qui représente 0,46% de la population totale. En plus, de par son essence violente, ce mouvement aurait pu être combattu sans ne lui céder aucun acquis. Mais, dans les pays où l’on respecte les citoyens, quand la rue bouge, les responsables s’inclinent. Et après tout, ils sont là pour servir le citoyen.

En Algérie, le pouvoir de fait n’a aucun compte à rendre à la population. Issu des différents coups d’État, le régime s’est imposé par la force. Depuis 1962, le régime ne respecte ni les citoyens ni les règles rudimentaires régissant les Républiques. D’où l’absence de toute notion de contre-pouvoirs. Comme toutes les dictatures, le bilan du régime algérien est négatif dans tous les domaines. Et pour cause ! Dépendant de la volonté de l’homme fort du moment, les membres des différents clans savent que leur mission pourrait s’arrêter à n’importe quel moment. Du coup, tout au long de l’exercice de leur fonction, ils se gavent à satiété. D’où la multiplication des fléaux, telles que la corruption, la prévarication, etc. C’est le propre de tous les régimes de cette nature.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce constat est largement partagé depuis des lustres. Et si les Algériens ont observé pendant des décennies un silence regrettable –dans ce genre de crise, ce sont les générations suivantes qui payent les pots cassés –, c’est parce que le régime n’hésitait pas à faire couler le sang des innocents. En plus, jusque-là, chaque mouvement de contestation pensait être capable de réaliser tout seul le changement. Maniant avec brio l’art de la propagande, le régime parvenait à chaque fois à isoler le mouvement contestataire du reste de la population. Et là, il suffisait au régime de mobiliser son arsenal répressif –c’est le seul investissement que fait le régime depuis 1962 –en vue de donner le coup d’estocade.

Pendant de langues années, le régime pensait avoir trouvé la solution imparable. Les mouvements se présentant séparément, il n’avait en effet aucun mal à retourner la situation en sa faveur. Lors des révolutions nord-africaines de 2011, le régime a profité d’un faux pas d’un parti politique pour créer le climat de méfiance au sein de la société. C’est ce raisonnement absurde qui a poussé le régime à présenter à deux reprises la candidature d’un homme cliniquement mort à la magistrature suprême.

Heureusement, la énième humiliation en février 2019 est déjouée par la population. Il faut dire qu’à l’ère des réseaux sociaux, la donne n’est pas la même que celle des années 1990. Grâce à la jeunesse actuelle, les manipulations d’antan n’ont aucune prise. Petit à petit, c’est tout le peuple algérien qui reprend confiance en soi. Ainsi, depuis le 22 février 2019, la colère pacifique devient un véritable combat politique. En 52 semaines de combat, les Algériens expriment clairement leurs revendications : bâtir une nouvelle République selon les normes modernes. Pour ce faire, ils proposent que le régime, qui s’est emparé des rênes du pouvoir depuis 1962, ne joue aucun rôle. Dans le fond, ils ont raison, car celui qui est à l’origine de la crise ne peut être la solution. Pour le moment, le régime continue sa ruse. La dernière en date est de décréter le 22 février comme journée nationale. Mais, cela n’empêche pas Abdelmadjid Tebboune de s’appuyer sur tous les symboles qui ont conduit à l’explosion de la colère citoyenne, un certain 22 février 2019. Comme dit le proverbe : ils mangent avec le loup et ils pleurent avec le berger.    

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  • : L’école algérienne ne s’est pas attelée, en ce qui concerne l’enseignement de l’histoire, à la transmission du savoir. L’idéologisation de l’école l’a emporté sur les impératifs de la formation. Or, les concepteurs de ces programmes préfèrent envoyer leurs enfants dans des écoles occidentales. Du coup, la connaissance de l'histoire ne passe pas par l'école.
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  • Ait Benali Boubekeur
  • Il est du devoir de chaque citoyen de s’intéresser à ce qui se passe dans son pays. C'est ce que je fais modestement.
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