26 janvier 2020 7 26 /01 /janvier /2020 20:11

La dernière contribution de Kamel Daoud au journal « Le Point » ne laisse personne indifférent. La difficulté est de critiquer le fond sans critiquer la forme. En effet, que l’on critique ou que l’on encense ce texte, il y aura toujours une insatisfaction quelque part. En fait, si on le critique, on parait moins démocratique. Car, en démocratie, il n’y a pas de principe figé. Tout est donc critiquable. Si on défend son droit à critiquer de cette façon le hirak, cela revient à accepter les contre-vérités contenues dans ladite contribution.

On comprend alors pourquoi cette contribution est difficile à commenter. En d’autres termes, comment commenter sans excès ou comment être raisonnable dans la critique ? Parmi ces voix raisonnables, il y a incontestablement celle de Lahouari Addi. Dans sa contribution intitulée « de l’homme révolté à l’étranger », il met en exergue les points sur lesquels l’écrivain peut être critiqué.

En effet, loin des insultes et des insanités de quelques internautes, le professeur Lahouari Addi remet uniment les pendules à l’heure. Pour lui, il n’existe pas de soutien rural au régime inamovible. S’il n’y a pas de manifestations dans les villages, ce silence ne pourra pas être assimilé à un quelconque soutien. Et pour cause ! Le monde rural est celui qui a souffert le plus de la gestion chaotique du pays. Dans les villages les plus reculés en Kabylie par exemple, les citoyens sont livrés à eux-mêmes. Bien que des sources d’eau soient à proximité, de nombreux villages subissent des pénuries d’eau intolérables.

Quant à la victoire politique du régime en décembre2019, la sentence de Kamel Daoud est sévère. Dans le fond, tout le monde sait que les élections présidentielles en Algérie ne reflètent pas le verdict du peuple. Jusqu’à preuve du contraire, le candidat libre a toujours remporté le scrutin dès le premier tour. L’explication est simple : c’est le candidat du système.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cette élection n’a pas dérogé à la règle. Le candidat préalablement désigné par le pouvoir occulte est fait plébisciter grâce au concours d’une administration pourrie et des services de sécurité ligotés. À leur décharge, c’est leur situation qui les oblige. Sinon, comment expliquer l’existence de 1300000 bulletins nuls. Ce sont des hommes et des femmes contraints par leur hiérarchie de voter. En ne pouvant pas désobéir, ils votent nuls.

Enfin, malgré la baisse de la mobilisation –il n’est pas possible de rassembler des millions de personnes chaque vendredi –, on ne peut pas pour autant décréter l’échec du hirak. Dans les pays qui se respectent, pour quelques milliers de manifestants, les gouvernements abdiquent. C’est le cas, en France, en décembre 2018, quand les gilets jaunes –un mouvement à ne pas imiter, car il est d’essence violente –ont obtenu le retrait de la taxe Carbonne. En Algérie, après 11 mois du grandiose hirak, marqué par des manifestations pacifiques et civilisées, le régime ne cède pas un iota. Pour se maintenir, il fait appel à ses services de sécurité et à son administration disqualifiés. Et c’est malheureusement cela que Kamel Daoud appelle une victoire politique.

  

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