
À travers la décision de l’exploitation du gaz de schiste, le régime algérien reste fidèle à la politique rentière. Pour rappel, cette même politique a condamné notre pays à un grave sous-développement. Mais, là où le bât blesse, c’est que, cette fois-ci, il y a un risque d’exposer la vie des Algériens au danger. Toutes les études étayent ces craintes.
En effet, bien que le sujet relève encore du domaine de la recherche, dans les pays où la technologie de la fracturation a été pratiquée, les habitants à proximité des forages ont subi des conséquences sanitaires graves. C’est le cas notamment aux USA. En Grande-Bretagne, un sévère tremblement de terre a obligé le gouvernement de Boris Johnson à suspendre l’exploitation du gaz de schiste.
Toutefois, au-delà de ces risques qui pourraient être évalués par les scientifiques, l’exploitation du gaz de schiste est une affaire éminemment politique. Dans le cas de notre pays, la question a été posée plusieurs fois. Ainsi, dès l’entame du quatrième mandat, le chef de l’État à ce moment-là voulait faire un cadeau aux multinationales en guise, sans doute, du silence des capitales occidentales sur son élection préfabriquée. Il a fallu une mobilisation stoïque des populations du Sud pour que le projet soit retiré. D’ailleurs, dans sa conférence de presse du 23 janvier 2020, Abdelmadjid Tebboune cite nommément ces résistances citoyennes.
Au lieu de rassurer ces populations en apportant les preuves irréfutables sur l’absence de risque inhérent à l’exploitation du gaz de schiste, le chef de l’État n’avance aucun argument. À moins que l’acte de foi soit considéré comme une preuve scientifique. Pire encore, cette politique s’inscrit dans la poursuite des engagements de son prédécesseur, alors que cette ère est révolue depuis le 22 février 2019.
Qu’on le veille ou non, entre le retrait du projet de Bouteflika en 2014 et son retour en janvier 2020, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. À la tentative de maintenir un système menant le pays à veau-l’eau, les Algériens, dans leur grande majorité, opposent leur droit à gérer directement leurs affaires. Malgré les intimidations, les répressions tous azimuts, la rue algérienne ne renonce pas à sa revendication primordiale : la refondation d’une nouvelle République en rupture avec le système en vigueur, instauré depuis 1962.
Enfin, comme à chaque tentative de lancer l’exploitation du gaz de schiste, la majorité du peuple algérien ne se laissera pas faire. Cela va de l’avenir du pays et des générations futures. À vrai dire, le seul projet qu’Abdelmadjid Tebboune puisse mener sans opposition, c’est organiser le transfert de la souveraineté d’un régime défaillant à un peuple spolié de son droit fondamental depuis 1962. En attendant, le hirak doit poursuivre sa mobilisation pacifique et civilisée. Comme lors du 49eme vendredi de la contestation, le rejet de l’exploitation du gaz de schiste devra dominer les slogans du 50eme vendredi.