5 décembre 2019 4 05 /12 /décembre /2019 20:15

« L’homme n’est pas fait pour construire des murs, mais pour construire des ponts », Lao-Tseu, un sage chinois du Vème siècle av. J.-C.

Quand le mouvement du 22 février a brisé le mur de la peur, on ne pensait pas revoir la construction d’autres murs, ne serait-ce que de manière symbolique. En plus, bien que le hirak ait engrangé des victoires incontestables, le chemin de la libération du peuple est encore long. A voir quelques actions, on se pose naturellement la question : est-ce que la révolution du sourire doit tout arrêter après le 12 décembre 2019 ?

Et pourtant, à l’examen de la stratégie du régime, qui ne compte pas rendre le tablier de sitôt, le mouvement populaire devrait encore résister. D’autant plus qu’une révolution déterminée ne peut pas s’éteindre sans atteindre son objectif. Faut-il pour autant changer quoi que ce soit à la stratégie du 22 février ? Si le mouvement a atteint des niveaux extraordinaires de mobilisation et d’adhésion, c’est parce que le mouvement a rejeté toutes formes de violence. Rappelons-nous des cordons de sécurité des manifestants à Alger protégeant la police d’éventuels jets de pierre des perturbateurs.

Hélas, dans quelques localités du pays, on constate que quelques actions, notamment la construction des murs fermant des APC et des Daïras, ne correspondent pas à cet esprit de la révolution du sourire. En plus, est-ce que ces actions sont réellement utiles ? Dans ces localités, force est de constater que les citoyens vivent en parfaite symbiose avec le mouvement populaire. Du coup, la question qui se pose est la suivante : pourquoi un tel excès en sachant que sur le plan politique, il n’y a aucune plus-value ? Et surtout, pourquoi il n’y a aucune communication ni débat pour expliquer le sens de ces actions.

De son côté, le régime, qui attend le faux pas du mouvement, ne réagit pas. Cela nous rappelle la ruse du régime pour gérer la montée en puissance des islamistes entre 1989 et 1991. Bien que le régime ait élaboré un plan pour détruire ce parti par les services du ministère de la Défense, dirigé par Khaled Nezzar, en 1990, sur le terrain, aucune entrave n’a été constatée. Au contraire, tout a été fait pour faire croire au FIS qu’il était puissant. On lui faisait même croire qu’il suffisait de forcer un peu le destin pour contrôler les rênes du pays.

La suite des événements a montré que le régime n’était pas faible, mais qu’il tendait un piège à son adversaire. Pour se maintenir au pouvoir, plus de 200000 de nos compatriotes ont payé le prix du sang et plus de 20000 ont disparu. Est-ce que les Algériens ont intérêt à ce que la révolution du sourire devienne la révolution des pleurs ? Heureusement, les quelques localités qui dérapent ne sont pas représentatives du mouvement. Espérant que la grande majorité des localités du pays ne suivront pas ces exemples.

En somme, il va de soi que les fermetures en question sont en contradiction avec l’esprit du mouvement. En plus, ces actions ne font que discréditer le mouvement. Et ça peut être aussi le point de départ de dérapages. En effet, si les services de sécurité répondent en voulant protéger ces édifices, est-ce qu’il faudra aller à l’affrontement ? Si cette malheureuse hypothèse se réalise, ce n’est pas sûr que les manifestants zélés soient suivis. Non pas par peur d’être blessé, mais pour ne pas permettre au régime de jouer sa dernière carte. Enfin, dans le scénario à craindre, les citoyens doivent savoir que la force sert toujours les régimes en place. En revanche, la seule force qui peut permettre au mouvement de triompher, c’est son pacifisme.  

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  • : L’école algérienne ne s’est pas attelée, en ce qui concerne l’enseignement de l’histoire, à la transmission du savoir. L’idéologisation de l’école l’a emporté sur les impératifs de la formation. Or, les concepteurs de ces programmes préfèrent envoyer leurs enfants dans des écoles occidentales. Du coup, la connaissance de l'histoire ne passe pas par l'école.
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