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23 janvier 2019 3 23 /01 /janvier /2019 18:12

Que les détracteurs de la contribution de Mouloud Hamrouche le veuillent ou non, il s’agit, sans doute, de l’un des messages politiques les plus élaborés de ces cinq dernières années. En effet, l’ancien chef du seul gouvernement réformateur que l’Algérie ait connu ne se contente pas de commenter la crise politique algérienne. À travers un long rappel historique, il explique comment les nations se sont constituées.

Dans le cas de notre pays, l’action de la génération de novembre 1954a-t-elle suffi ? Bien que leur dévouement et leurs sacrifices aient été consentis pour que l’Algérie recouvre tous les aspects d’une nation souveraine, à l’indépendance, un clan de militaires a décidé de fausser le jeu en s’emparant à lui tout seul de tous les leviers du pouvoir. En un mot, le coup d’État de l’été 1962 a malheureusement plongé le pays dans une instabilité chronique.

Et pourtant, il n’y avait rien qui présageait un tel désastre. Malgré la férocité du système colonial, les différents courants nationalistes ont su entretenir le rêve national. « Cette quête de restauration de l’État national tenue est devenue, à la fois, l’expression d’un nationalisme identitaire algérien et sa finalité. Un nationalisme de refondation de l’identité, de l’État national et de la nation », écrit l’ancien chef réformateur dans sa dernière contribution.

De toute évidence, le projet qui a été présenté au peuple algérien visait à restaurer l’État souverain. Pour Mouloud Hamrouche, « les fondateurs avaient opté et ambitionné le modèle contemporain de l’État-nation européen. » Et qui dit État moderne dit le respect de la volonté populaire. En tout cas, en Europe où ces principes sont respectés, c’est au peuple seul qu’échoit le droit de désigner les dirigeants à tous les niveaux.

Qu’en est-il en Algérie ? Alors que la restauration est entérinée par le référendum du 1er juillet 1962, le peuple algérien a été invité à se retirer du champ politique, domaine réservé au clan vainqueur de la crise de l’été 1962. Malgré les résistances, les chars ont fini par imposer la volonté d’une poignée de personnes sur le pays.

Bien évidemment, Mouloud Hamrouche ne le dit pas en ces termes, « Des expériences plus immédiates d’un demi-siècle dans notre voisinage,…, ont démontré que tout régime qui ne s’accommode pas d’un ordre national institutionnel, de contre-pouvoirs et surtout de contrôles ne peut résister aux conjonctures et aux tempêtes ni lui, ni son armée, ni son peuple, faute de volonté souveraine », explique-t-il. Ce regard objectif décrit les conséquences de l’usurpation du pouvoir, non pas uniquement en Algérie, mais dans tous les pays où le chef se considère comme le seul détenteur du pouvoir.

En tout cas, dans le cas de notre pays, il n’y a pas besoin de faire des grandes études en science politique pour comprendre que le régime personnel, instauré depuis 1962, est la source de tous les maux. Mais, en disant cela, il faut admettre que le peuple algérien doit assumer une part de responsabilité. En renonçant à exercer son droit de contrôle, il laisse le régime seul maitre du pays. Pire encore, quand il exprime son agacement, il opte pour les courants extrémistes. C’est le cas dans les années 1990 quand le peuple a voté massivement pour un parti intégriste et c’est aussi le même choix en Kabylie dans les années 2000 quand une partie de la population a rejoint le mouvement de Ferhat Mehenni.

Ces situations favorisent bien évidemment la pérennisation du régime. Alors que ce dernier a échoué sur toute la ligne, devant ces expressions extrémistes, le régime apparait pour certains comme le moins mauvais choix. Ainsi, à trois mois de l’élection fondamentale du pays, la seule inconnue de l’équation est la suivante : quel est le nom du candidat du régime qui sera plébiscité le 18 avril 2019 ? En effet, malgré l’existence des compétences en Algérie, les intérêts du clan passeront avant ceux du pays.

C’est la raison pour laquelle des hommes comme Mouloud Hamrouche refusent de se lancer dans la bataille présidentielle où les dès son d’ores et déjà pipés. Contrairement aux mauvaises langues qui accusent Mouloud Hamrouche de vouloir vendre sa candidature, je pense humblement que cette contribution prêche l’inverse. Enfin, le champ étant verrouillé, il est difficile de concevoir une telle candidature. En tout cas, l’avenir proche nous le dira.

Aït Benali Boubekeur     

    

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