
Dans les pays qui respectent la volonté de leur peuple, une élection présidentielle est celle qui détermine, pendant une mandature, les choix fondamentaux d’une nation. Ainsi, après une large confrontation d’idées –programme contre programme –, le verdict est à la fin rendu par le peuple en faveur d’une candidature majoritaire.
Hélas, en Algérie, à quatre mois de l’élection présidentielle, c’est le vide total. En bloquant le processus démocratique, le régime s’impose à tous les niveaux, et ce, bien qu’il n’ait ni projet de société, ni une orientation économique claire. Pour se maintenir, il use et abuse systématiquement de la force.
Cela étant dit, ce mode de gouvernance ne survient pas avec l’arrivée de Bouteflika aux affaires. Cette stratégie s’est imposée en 1962 lorsqu’une fraction de l’armée des frontières, commandée par Houari Boumediene, a décidé de se substituer à la volonté populaire.
Ainsi, contrairement à ce qu’affirment une certaine presse et une mini opposition éradicatrice, le mal algérien remonte à la prise du pouvoir par la force en 1962. Selon le premier secrétaire national du FFS, dans son discours du 23 novembre 2018 à Tizi Rached, « le droit à l’autodétermination a été spolié par ceux qui ont pris le pouvoir de force, de l’indépendance à nos jours, et qui ont dénié aux Algériennes et aux Algériens leur droit d’avoir des droits. »
Toutefois, bien qu’il y ait incontestablement des changements – imposés par la rue à l’instar du pluralisme politique –, il n’en reste pas moins que la force de nuisance du régime demeure réelle. Résultat des courses : une crise de confiance s’installe durablement. Ne pouvant forcer le régime à changer son comportement irresponsable, les Algériens expriment cette défiance à travers des abstentions records. Ce qui ne gêne pas sensiblement le régime.
En tout cas, sourd à ce cri de détresse, le régime continue sur sa lancée, quitte à compromettre l’avenir des millions d’Algériens. Car, dans la réalité, les grands décideurs ont assuré, quelle que soit la suite, l’avenir de plusieurs générations des leurs.
Pour le moment, on peut dire, que le régime est le seul gagnant à ce jeu. En considérant dès 1962 que la politique est l’affaire de ceux qui gouvernent, le pouvoir politique parvient à ses fins.
Ainsi, à quatre mois de l’échéance fondamentale, la scène politique est terne. Les voix que l’on entend sont celles des partisans du régime dont le temps de parole sur les chaines publiques est illimité. Pour le reste de la population, toute manifestation est sévèrement encadrée. Malgré la levée de l’état d’urgence en 2011, la capitale, symbole politique du pays, est interdite à toute manifestation politique.
En jouant sans concurrents, le régime n’a qu’à convoquer le corps électoral en vue d’un plébiscite. Qu’en est-il du prochain rendez-vous électoral d’avril 2019 ? Pour le premier secrétaire national du FFS, il n’y a aucun doute sur le caractère opaque du scrutin présidentiel. Au mieux, soutient-il, « elles [les élections présidentielles] aboutiront à une alternance clanique et à la perpétuation du régime. »
Or, dans l’intérêt du pays, il faudrait que ce statu quo mortifère ne perdure pas longtemps. C’est la raison pour laquelle une démarche, comme celle prônée par le FFS depuis 2013, reste le recours incontournable. Car, de cette conférence, elle naitra une plateforme de refondation de l’État et des orientations conformes aux aspirations de ceux qui ont libéré le pays.
Aït Benali Boubekeur