
Quand le mouvement des gilets jaunes a commencé, il y a de cela quatre semaines, toutes les voix s’accordaient sur la légitimité des revendications inhérentes au pouvoir d’achat. Bien que la réaction officielle ait pris du retard, sur le principe, le pouvoir exécutif, à sa tête Emmanuel Macron, s’est dit comprendre ce cri de détresse.
Ainsi, avant que les deux adversaires d’Emmanuel Macron, en l’occurrence le rassemblement national et la France insoumise, n’amplifient la contestation, les revendications se limitaient à l’annulation des taxes. Très vite, ces voix sont étouffées. Dans les points de blocage, ce sont désormais les revendications des deux partis qui sont mises en avant.
De leur côté, en dépit de leur rejet des partis, une partie des gilets jaunes se radicalise davantage. Entre la démission de Macron et la suppression du sénat tout en refusant le dialogue, le mouvement s’éloigne dangereusement de la tradition démocratique de la France.
Samedi après samedi, le mouvement perd toute sa crédibilité. Bien que les Français continuent à soutenir les premières revendications –elles sont satisfaites par le gouvernement –, 80% d’entre eux rejettent la violence. Or, n’ayant aucun programme et étant incapable de se structurer, il ne reste que la violence comme mode de fonctionnement d’une partie des gilets jaunes.
Par ailleurs, tous les manifestants ne sont pas violents. Il y a des gilets jaunes qui font tout pour que les dérapages soient évités. Mais, ceux qui sont les têtes d’affiche reconnaissent eux même que sans la violence, le gouvernement ne les écouterait pas. Donc, il s’agit bien d’une violence assumée. Du coup, la question qui se pose est la suivante : comment se fait-il que les non-violents parmi les gilets jaunes continuent à venir aux rassemblements, notamment à Paris, en sachant qu’ils ne pourraient pas éviter des destructions et des pillages ?
En plus, si jamais les institutions actuelles –qui sont effectivement démocratiques –étaient renversées, est-ce que les successeurs pourraient faire mieux ? Ce n’est pas sûr. D’ailleurs, les programmes des deux partis en concurrence ne feraient qu’empirer la situation. En 2017, les électeurs les ont placés en 2eme et 4eme position au premier tour de l’élection présidentielle.
Enfin, il va de soi que l’avenir de la France se joue en ce moment. Il va aussi de son avenir démocratique. Car, le mandat du peuple dure 5 ans. Son interruption emporterait avec lui le système démocratique. Et si les deux partis les plus actifs sur le terrain y croient en ce système, ils devront calmer leurs militants en les exhortant d’attendre encore 3 ans et demi. D’ailleurs, si ce mandat républicain échoue, ce sera l’un d’eux qui accédera au pouvoir. Donc, il faudra juste attendre son tour sans bouleverser tout le système.
Aït Benali Boubekeur