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12 août 2018 7 12 /08 /août /2018 20:12

« Nous sommes face à un pouvoir devenu colon », sentence de l’intellectuelle Khaoula Taleb Ibrahimi.

Ces mots sont forts. Mais, peu importe ! Les destinataires ne répondront pas. À partir du moment où ils s’emparent du pays, les biens compris, ce genre d’attaque ne les atteint même pas.

En fait, qu'est-ce qui est grave dans cette comparaison ? D’après l’auteure, depuis 1962 à nos jours, le régime s’est appuyé sur des élites produites par le système colonial « Ce sont ces élites-là qui ont eu à gérer l’Algérie indépendante au niveau administratif et/ou économique. Une partie préexistait à la conquête coloniale et a pu préserver son capital après, l’autre s’est constituée grâce à sa proximité avec le pouvoir colonial », écrit-elle.

 Malgré le refus d’une certaine élite de soutenir les vainqueurs, ces derniers n’ont pas trouvé du mal à recruter des compétences en vue de gérer des dossiers techniques sans aucune responsabilité politique. « Pour asseoir son pouvoir, Boumediene, une bête politique, avait déjà balisé son parcours en utilisant Ben Bella, et avec lui, l’Algérie verra la constitution d’une élite qui n’est pas l’émanation de la société », écrit Khaoula Taleb Ibrahimi.     

Et pourtant, le but premier de la révolution du 1er novembre 1954 consiste à créer une rupture radicale avec ce système. En tout cas, dans les premières années, l’organisation nationaliste s’est attelée à réaliser cet objectif. Mais, à l’approche de l’indépendance, les initiateurs de la révolution sont peu à peu écartés du commandement.

Et le groupe qui s’apprête à s’emparer des rênes du pouvoir est prêt à s’allier avec le diable en vue de mettre à mort la seule instance légitime de la révolution, le GPRA. Bien que ce groupe soit soutenu par des chefs historiques, à l’instar de Ben Bella, Khider, Bitat, après 1962, force est de reconnaître que l’esprit du 1er novembre est dévoyé.

Car, pour qu’il y ait une rupture avec le système colonial, il aurait fallu mettre en place un système institutionnel contraire à toute domination. Or, les coups de force du 22 juillet 1962, du 19 juin 1965 et plus tard du 11 janvier 1992 ne visent en aucun cas à ériger un système démocratique contrôlé par la volonté populaire.  

Quel est le résultat 56 ans après l’indépendance ? Il faut vraiment être de mauvaise foi pour reconnaître, comme le font les gens du régime, que le pays va bien. En dépit des richesses naturelles substantielles, les équipes successives n’ont pas réussi à développer le pays.

En achetant ses soutiens et en réprimant sévèrement les opposants frondeurs, accusés parfois d’agents de l’ennemi extérieur –sans par ailleurs nommer cet  ennemi –, le régime se maintient sans problème. À tel point qu’en 2019, à l’occasion de l’élection présidentielle, le sujet n’est pas de savoir quelles sont les solutions aux maux du pays, mais plutôt de savoir s’il y aurait un autre mandat au chef de l’État en exercice.

Aït Benali Boubekeur

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  • Il est du devoir de chaque citoyen de s’intéresser à ce qui se passe dans son pays. C'est ce que je fais modestement.
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