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5 juillet 2017 3 05 /07 /juillet /2017 19:55

Six mois après le recours au service du chef historique, Mohamed Boudiaf, le sauveur a été assassiné probablement par ceux ceux-là mêmes qui ont fait appel à lui. Bien que la thèse islamiste soit retenue –une certaine version parle même d’un acte isolé –, il n’en reste pas moins que son assassinat ressemble davantage à une liquidation planifiée qu’un acte isolé.

Mais, avant de traiter de l’affaire proprement dite, il faudrait rappeler le contexte politique précédant le recours à l’un des plus prestigieux chefs historiques, Mohamed Boudiaf. Depuis les événements d’octobre 1988, le régime a été contraint d’ouvrir le champ politique, et ce, après prés de trois décennies de pire dictature.

Au sein du régime, deux tendances s’affrontent. Il y a d’un côté les réformateurs qui souhaitent une ouverture réelle et de l’autre côté des conservateurs qui digèrent mal les concessions faites au peuple algérien.

Et ce sont ces derniers qui ont fait appel à Mohamed Boudiaf, après la victoire du FIS aux élections législatives de décembre 1991. Bien évidemment, le fait même de penser confier les destinées du pays au parti extrémiste constituait un danger. Mais, si le parti vainqueur ne peut pas exercer le pouvoir, à quoi ça sert d’organiser les élections ?

En tout état de cause, bien que le chef de l’État de l’époque, Chadli Bendjedid, soit prêt à cohabiter avec le parti vainqueur, il n’en demeure pas moins que le véritable pouvoir n’est jamais exercé, en Algérie, par les personnes désignées à cet effet.

Alors que la constitution prévoit des solutions claires, le haut commandement militaire, à sa tête le général Khaled Nezzar, crée un organisme d’exception, le HCE (haut comité d’État). Après une hésitation, et en considérant que les intérêts du pays sont au-dessus de toute autre considération, Mohamed Boudiaf accepte de présider ce comité.

Comme son prédécesseur, Mohamed Boudiaf constate très vite que la réalité du pouvoir lui échappe.  Cela dit, contrairement à Chadli Bendjedid, Mohamed Boudiaf ne baisse pas les bras. Bien qu’il n’ait aucune légitimité en vue de peser dans cette bataille, il ne cède pas non plus à la pression.

Mais, en voulant tenir tête à ceux qui ne souhaitent que quiconque se mêle de leurs affaires, Mohamed Boudiaf s’expose au danger. Bien que le discours officiel maquille cette liquidation en parlant d’un attentat islamiste, voire d’un acte isolé, aucun Algérien épris de justice n’y a cru cette version.

Sans vouloir reprendre la version de ceux qui cherchent à régler leurs comptes avec l’institution militaire, il y a, quand même, des incohérences dans le dispositif censé assurer la sécurité du président du HCE, Mohamed Boudiaf.

De la même manière, les résultats de la commission d’enquête, mise en place le 4 juillet 1992, sont orientés de sorte à disculper les membres du haut commandement militaire pour ne pas avoir garanti la sécurité du chef de l’État.

D’ailleurs, les conclusions ne permettent nullement de lever les zones d’ombre sur les questions que pose la rue algérienne. « Boumaarafi a agi seul, mû par les convictions islamistes », écrivent les rédacteurs de la commission d’enquête.   

Dans ce cas, pourquoi un tel élément se trouve-t-il dans l’équipe assurant la garde du président ? Est-ce que Boumaarafi a été ajouté à la dernière minute sur la liste des éléments accompagnant le président à Annaba ? Lors de la parodie de procès, pourquoi le juge de veut pas laisser parler Boumaarafi ? Ces questions ne peuvent trouver de réponse tant que la justice est aux ordres.

Aït Benali Boubekeur

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