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12 juin 2017 1 12 /06 /juin /2017 19:02

« La nature populiste fascisante de ce mouvement s’est trahie en jouant sur la surenchère du consensus communautaire, c’est-à-dire sur l’unité de la Kabylie à travers son unité politique. Le dessein maquillé étant de détruire le dernier bastion de toutes les formes de pluralisme arrachées de haute lutte », extrait de la note de Hocine Aït Ahmed sur le mouvement des aarouchs.

En effet, il faut vraiment être naïf pour croire que cette organisation rétrograde, en l’occurrence les aarouchs ou son alter ego le MAK –jusqu’à son extinction, Ferhat Mehenni refusait de gêner cette organisation –, puisse apporter une valeur ajoutée à la démocratie. Et ce, à quelque niveau que ce soit.

Bien évidemment, il ne faudrait pas confondre cette organisation avec les comités de village, dont la mission première consistait à éteindre le feu et canaliser la dissidence citoyenne dans le respect des valeurs inculquées par nos aïeux. En effet, au lendemain du lâche assassinat du jeune lycéen, Guermah Massinissa, les comités de village ont créé des cellules locales en vue de déjouer une manœuvre occulte visant à mettre la Kabylie à feu et à sang.

Pour rappel, à deux reprises, en 1994 lors du vrai faux ou du faux vrai enlèvement de Matoub Lounès et en 1998 lors de sa liquidation physique, les forces politiques de la région ont déjoué des plans machiavéliques concoctés dans les laboratoires des services. Hélas, bien que le jeune Guermah soit moins connu que Matoub, la troisième tentative s’est avérée la bonne.

Contrairement aux précédentes machinations, celle de 2001 s’est appuyée sur un encadrement local professionnel. Selon Hocine Aït Ahmed, il y avait « des troupes politiques importantes intégrant les divers appareils militaro-sécuritaires déguisés en civil (gendarmes, militaires). La DRS offrant un quadrillage professionnel renforcé de ses structures locales et wilayales. » Tout ce beau monde –au sens péjoratif du terme évidemment – est encadré par les associations ACT et ACB (associations citoyennes de Tizi Ouzou et Bejaia).

De toute évidence, bien que l’émergence de l’organisation des aarouchs n’ait pas suscité la méfiance dans le premier temps, peu à peu, le vrai visage de ses délégués autoproclamés a révélé l’existence d’un plan visant à étouffer toute voix politique en Kabylie. En jouant sur le plan émotionnel et en exploitant sans vergogne le sang des jeunes innocents, les aarouchs réussissent à détruire le dernier bastion démocratique de l’Algérie.

Pour couronner le tout, le 14 juin 2001, ils appellent à une marche à Alger. Si la plupart des citoyens sont effectivement pacifiques, il n’en est pas de même d’une infime partie des perturbateurs au service des amis de Belaid Abrika. N’attendant que le moment propice en vue de rétrécir les libertés, le gouvernement de l’époque, par la voix d’Ali Benflis, interdit sine die toute manifestation à Alger. Cette mesure est toujours en vigueur, et ce, malgré la levée de l’État d’urgence depuis 2011.

Hélas, la fin de l’aventure des aarouchs n’annonce pas la fin de l’aventurisme. Et pour cause ! Le mouvement de Ferhat Mehenni va encore plus loin que les aarouchs. Surfant sur le marasme social –son mouvement est la photocopie couleur du FN français –, il veut instaurer sa propre monarchie. En effet, dans toutes ses déclarations, il ne parle que de l’unicité politique de la Kabylie, dont il est le seul à imprimer la ligne.

Enfin, pour étayer la thèse de la continuité entre les aarouchs et le MAK, la date du 14 juin est choisie comme le symbole de la « nation kabyle ». Or, ce choix pose problème. Comment bâtir l’avenir sur une journée marquée par la manipulation et la violence ? Apparemment, cela ne gêne pas Ferhat Mehenni, car, en 1994 déjà, il a déclaré la guerre, au nom de la Kabylie, aux groupes islamiques armés (GIA). En revanche, il appartient à l’ensemble de la population, qui refuse les fausses solutions, de s’opposer à ces choix pernicieux.

Pour conclure, il va de soi que le régime est responsable de cette impasse. En voulant neutraliser le dernier bastion démocratique, les officines occultes ont créé des événements malheureux ayant permis l’avènement de telles organisations. Aujourd’hui, malgré le discours raisonnable du FFS, le face à face risque d’opposer les partisans de Ferhat Mehenni à un régime qui ne croit qu’à la violence. Finalement, comme dans les années 1990, le rejet de ces deux blocs doit se faire sans aucune hésitation. Il faudrait juste reformuler le slogan « non à l’État policier, non à l’État intégriste. »

Aït Benali Boubekeur     

 

     

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