Dans certains titres nationaux, on lit des papiers où les militants-journalistes appellent au retrait des élus de l’APN avant même leur investiture. Cela veut dire que l’Assemblée sera acquise à 100% au régime. À la limite, si cet appel était accompagné d’un plan détaillé en vue de forcer le régime à revoir sa copie, cette démarche aurait pu avoir un écho.
Hélas, cet appel ressemble étrangement à la démarche du pouvoir tendant à réduire autant que faire se peut le rôle des partis. D’ailleurs, le climat politique vicié dans lequel s’est déroulée la campagne électorale révèle le mépris du pouvoir et de la presse envers la classe politique. Pourquoi cet acharnement contre les partis de l’opposition ? En quoi la fin des partis garantirait-elle un meilleur exercice du pouvoir ? Pour le moment, aucune piste n’est donnée.
Bien que ces donneurs de leçons s’inscrivent dans l’opposition à un seul clan du régime, force est de reconnaître qu’ils ne rajoutent aucune valeur à l’action politique. À l’œuvre de destruction entreprise par le régime depuis 1962, la classe bien-pensante propose simplement de laisser le régime seul sur le terrain.
Du coup, la question qui se pose est la suivante : malgré la faiblesse de l’opposition, faut-il renoncer au combat ? En d’autres termes, en quoi le retrait des élus de l’opposition pourrait-il avancer le combat démocratique ? Il faudrait sans doute plus qu’un appel pour convaincre les partis de se lancer dans une aventure sans lendemain.
Toutefois, bien que la réponse revienne aux élus et aux partis, un éventuel retrait aurait des conséquences fâcheuses. En effet, si la présence des députés de l’opposition n’empêche pas la majorité présidentielle de voter des lois antisociales, son absence privera les plus vulnérables de défenseurs. Les dénonciations de toutes les lois scélérates par les députés du FFS lors de la précédente mandature ont démontré l’utilité du combat à l’intérieur des institutions, lesquelles institutions ont été usurpées par le pouvoir contre la volonté populaire.
Pour conclure, il va de soi que si la lutte pacifique est retenue comme le moyen de combat, la désertion des institutions hypothéquerait les chances du changement. Pire encore, cette orientation laisserait le champ libre aux aventuriers.
Or, dans le cas de notre pays, après une décennie de violence inouïe, il faudrait s’employer à éloigner autant que possible ce spectre. C’est dans cette optique que les propositions sont attendues. L’Algérie a besoin d’un changement pacifique et ordonné. Que ces donneurs de leçons nous expliquent alors leur projet. Mais, s’il s’agit juste de l’agitation, telle la mouche du coche, il faudra qu’ils arrêtent de tromper l’opinion.
Aït Benali Boubekeur