Dans le cas où un peuple rejette un choix politique, il ne devrait pas être difficile de capitaliser cette colère en la transformant en dynamique politique. En tout cas, dans le cas où il y avait un message politique, cette majorité –plus de 62% – ne devrait pas continuer à dormir sur ses deux oreilles. Or, depuis le 4 mai, on ne voit rien à l’horizon.
Bien que les analystes et les commentateurs s’ingénient à récupérer cet événement, l’histoire contemporaine a montré que le peuple algérien a toujours subi les événements. C’est pourquoi le choix du FFS d’aller à la rencontre des citoyens en vue de les mobiliser sur l’urgence de s’activer le popotin paraitrait le plus raisonnable.
En effet, dans l’état actuel des choses, il faudrait reconnaître que le peuple algérien ne joue aucun rôle depuis des lustres. Sa principale erreur remonterait à 1962 lorsqu’il a refusé de s’affirmer. En se contenant de scander dans la rue « sept ans, ça suffit », le peuple algérien a dit, par la même occasion, adieu à sa souveraineté.
Malgré l’esprit de résilience des militants révolutionnaires, le régime a eu la main sur toutes les institutions. Bien qu’il ne soit pas coupable, le peuple algérien était –et c’est le moins que l’on puisse dire –complice.
À partir des années 1990, le peuple algérien a-t-il été à la hauteur du rendez-vous avec l’histoire ? Alors qu’il fallait construire une alternative crédible au parti unique, les Algériens ne pensaient qu’à sanctionner le régime. Résultat des courses : si le FIS avait pris le pouvoir, l’Algérie aurait régressé sur tous les plans.
En voulant sauver le régime au nom de la démocratie –jusqu’à nos jours, la démocratie n’est présente que dans les discours –, le haut commandement militaire a plongé le pays dans le chaos. Pour bénéficier de la protection du pouvoir, les Algériens ont troqué leurs libertés contre la sécurité.
C’est dans ce contexte que les élections se suivent. Alors que des partis nous sortent des programmes irréalisables, le FFS est le seul à partir du constat que la crise est avant tout politique. Le consensus national permettrait de rendre plus lisible l’exercice du pouvoir. Mais, si les personnes qui parlent au nom des 62% croient que cette majorité défend un quelconque projet, il faudra qu’ils le mettent en œuvre.
Aït Benali Boubekeur