Dans une démocratie qui se respecte, la presse joue le rôle d’information. En Algérie, elle est –et c’est le moins que l’on puisse dire –trop politisée. Dans un édito d’un journal à grand tirage, pour ne pas citer directement le journal El Watan, il est dit clairement qu’un parti sérieux et qui croit « à la volonté populaire comme seul moyen d’accès au pouvoir ne peut raisonnablement accepter de s’engager dans la course électorale pour les prochaines législatives… »
De toute évidence, cet avis ne reflète pas l’opinion générale. Bien que le processus démocratique soit dévoyé par un régime illégitime, un démocrate ne peut se détourner des règles démocratiques. Du coup, comme en 1992, quand la presse a soutenu sans vergogne l’arrêt du processus électoral, en 2017, le mépris envers les citoyens demeure inchangé. En quelque sorte, pour notre presse, le processus démocratique doit-il se mettre en place sans la participation des citoyens ?
En tout cas, malgré la volonté du régime de maintenir le statu quo mortifère, il existe, tout de même, des formations politiques crédibles, à l’instar du FFS, qui y prennent part. Lors de cette consultation législative, le FFS va soumettre son projet politique aux citoyens. Immanquablement, la proposition de reconstruction du consensus national vise à définir un cadre dans lequel le jeu politique serait, à l’avenir, plus encadré, plus apaisé et plus transparent.
Cela dit, compte tenu du contexte actuel et des apesanteurs liées à l’exercice du pouvoir, il est difficile de prévoir une alternance. D’ailleurs, la victoire du FFS dans cette joute ne se mesure pas au nombre de sièges, mais à sa capacité à mobiliser les citoyens sur les sujets de société. Au pire moment de notre histoire, Hocine Aït Ahmed disait que l’espoir n’était pas mort.
Pour conclure, il va de soi qu’une élection –quelle que soit son importance –ne représente pas la clé de voûte. Le vote n’est qu’un élément du processus démocratique. Cela dit, le fait de rejeter les élections, il est difficile de protéger, par la même occasion, ledit processus.
D’où la responsabilité de certains groupes de presse dans l’enlisement de la crise politique. Partisans de l’intervention de l’armée dans le champ politique, ils s’opposent au chef de l’État en partant de l’idée que ce dernier veut écarter l’armée. Cette vision est aussi celle de certains partis. Or, la démocratie ne se joue pas au niveau des hiérarchies, mais doit être sous le contrôle des citoyens.
Aït Benali Boubekeur