Il est difficile de comprendre les choix du FFS si l’on ne fait pas l’effort d’examiner son parcours. Il y a en effet des moments où le boycottage s’impose et d’autres où la participation est uniment requise. Dans les deux cas, l’enjeu doit être l’avenir du pays. Cela dit, que ce soit telle ou telle option, le FFS n’a jamais piétiné la démocratie pour paraître plus patriote et inversement. Le dénominateur commun, à chaque épreuve, est de politiser, autant que faire se peut, les débats.
Par ailleurs, bien que certains termes aient disparu de notre lexique, à l’instar de la lutte des classes, de prolétariat, force est de reconnaître que l’esprit revendicatif reste le même. Du slogan « ni dictature du prolétariat, ni formalisme démocratique », des années 1960, au slogan « ni État policier, ni État intégriste », des années 1990, à celui « de reconstruction du consensus national », depuis 2013, chaque étape est marquée par un engagement sérieux.
Néanmoins, malgré la cohérence et la constance des engagements du FFS, il n’en demeure pas moins que la dictature a rendu son projet irréalisable. Ne pouvant pas renverser « le processus de fascisation engagé par Boumediene », pour reprendre l’interview de feu Hocine Aït Ahmed à la Tribune internationale de décembre 1982, « le FFS a subi les contrecoups de la société algérienne gangrénée par le désespoir, la démobilisation et la dépolitisation », dit-il.
Toutefois, bien que la situation du pays ait évolué –le pluralisme politique devient désormais une donnée irréversible –, certains thèmes de l’époque sont d’actualité, notamment la dépolitisation de la société. Du coup, la mobilisation des militants du FFS, en vue de sensibiliser les citoyens sur l’impérieuse nécessité de changer le système, devrait se décupler. Par ailleurs, compte tenu des expériences en Afrique du Nord, le FFS prône un débat inclusif, car ceux qui tentent d’évincer les régimes héritent des ruines. C’est ce qui explique les choix du FFS en 2012 et 2017 de prendre part aux élections législatives.
Enfin, après une période d’incertitude, provoquée par les violences des années 1990, il faudrait que le peuple algérien sorte de sa léthargie. Car, si le peuple ne prend pas son destin en main, le statu quo ante demeurera. Il n’y a pas de Mehdi, pour paraphraser l’emblématique chef historique, Hocine Aït Ahmed. De la même manière, il n’y a pas de recettes magiques. Selon lui, « les hommes et les femmes algériens doivent se prendre en charge et ne plus compter sur les miracles»
C’est pour cette raison que le bulletin de vote constitue un moyen de contrarier la politique désastreuse, mise en place depuis 1962. Désormais, la balle est dans le camp de la société. En effet, si avec une participation massive, le régime pouvait être sanctionné, le boycott massif augmenterait son espérance de vie. Ce qui est une perspective pernicieuse.
Aït Benali Boubekeur