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26 février 2017 7 26 /02 /février /2017 10:45

La polémique qui a suivi la dernière sortie médiatique d’Emmanuel Macron, qualifiant la colonisation de crime contre l’humanité, prouve, si besoin est, que l’histoire et la politique ne font pas bon ménage. Bien que les historiens aient rendu leurs conclusions, depuis belle lurette, sur le phénomène colonial, à chaque période électorale en métropole, ce thème revient avec acuité.

Est-ce que le candidat Macron déroge à la règle ? N’étant pas un homme politique classique, il n’est sans doute pas soumis au conformisme des appareils politiques. C’est indubitablement ce qui fait sa force et à sa liberté de parole.

Cela étant dit, il ne renie pas, pour autant, l’apport de la colonisation. Il en parle sans ambages de son aspect civilisationnel. Or, il n’échappe à personne que pendant la conquête, les navires ne sont pas remplis de médecins, d’instituteurs, d’hommes de lettres, mais de soldats armés jusqu’aux dents.

En tout cas, pendant toute la période de pacification, les Algériens n’avaient de contact qu’avec ces soldats. Même si cette intervention est parée d’un masque de la civilisation, comme le dit le candidat Macron, la colonisation n’a à aucun moment fait appel aux droits de l’homme pour gérer les territoires occupés.

Hélas, des deux côtés de la méditerranée, ce passé douloureux est exploité à des fins politiques. Si en Algérie, ce passé sert encore de nos jours à la propagande du régime en vue de s’imposer illégalement au peuple, en France, l’extrême droite et la droite classique, dans une moindre mesure, en font un argument électoral en vue de séduire les nostalgiques de l’Algérie française.

Or, les populations des deux rives attendent de leurs dirigeants des réponses adéquates à leurs problèmes. Bien que la connaissance du fait historique soit nécessaire, force est de reconnaître que, dans le contexte de crise, les citoyens se tournent plutôt vers l’avenir. Et qui plus est, ce sujet d’histoire relève du domaine de recherche.

Excepté les historiens engagés –ils existent des deux côtés –, les plus objectifs ont étudié sans fard ni acrimonie les différentes étapes de la colonisation. Il en ressort que la colonisation était une domination terrible. En 1847, Alexis de Tocqueville, dans « son rapport sur l’Algérie », n’écrit-il pas : « autour de nous, les lumières sont éteintes, le recrutement des hommes de religion et des hommes de loi a cessé ; c’est-à-dire que nous avons rendu la société musulmane beaucoup plus misérable, plus désordonnée, plus ignorante et plus barbare qu’elle n’était avant de nous connaître.»

Par ailleurs, est-ce que l’indépendance a permis la libération du peuple algérien ? Bien que le territoire soit libéré, les usurpateurs du pouvoir –Bouteflika était ministre en 1962 et il est président en 2017 –ont perpétué la domination. Du coup, si la colonisation a causé d’énormes dégâts, le régime n’a rien fait pour corriger les injustices. Entre le train de vie des dirigeants et le citoyen lambda, l’écart est criant.

Enfin, pour qu’il n’y ait aucune fausse interprétation, il ne s’agit nullement ici de comparer les deux systèmes. Car, si les dictatures se transforment, il n’en est pas de même du système colonial.

Aït Benali Boubekeur

   

     

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commentaires

M
Le colonialisme, voilà un terme affreux, une sale option inventée par l'être humain et Emmanuel Macron a si raison de la condamner et de comparer cette sale besogne à un crime contre l'humanité. Mais, malgré cette annonce qui secoua l’Hexagone, aucune suite et aucune déclaration de nos gouvernants, c'est comme si, ils attendent à chaque fois un signal de l'autre coté de la Méditerranée pour pouvoir s'exprimer. C'est en cela que ce régime n'a pas pu ou su corriger les injustices coloniales après l'indépendance. Pourtant, en 1956 , le 20 Août, un groupe de moudjahidine a osé placer une plate forme d'un Etat moderne lors de ce fameux congrès de la soummam par son fondement " La primauté du politique sur le militaire". Juste après 1962, les usurpateurs du pouvoir ont tourné le dos à cette plate-forme pour s'ériger en seuls décideurs sur un peuple meurtri et éreinté , sorti d'une guerre atroce et fratricide. Les différents conflits des années 62/65 ont révélé un nouveau pouvoir-colonisateur d'une autre forme. Décortiquant le régime politique en Algérie,Mohammed Harbi estime que «c’est un régime qui n’est ni dictatorial ni totalitaire», mais «de type autoritaire». Par delà cette vision, plus de 50 ans après notre indépendance vis à vis de la France, nous pouvons dire, sans retenue, que le peuple continue de souffrir de cette chape de plomb qui pèse sur sa citoyenneté et son indépendance: les riches deviennent,encore, plus riches et les pauvres , s’appauvrissent davantage, sans omettre de signaler certains quartiers ou certaines zones du pays qui sont purement et simplement interdits au citoyen lambda. L' accès au travail , l’accès au savoir est intimement lié au degré d'appartenance aux diverses ramifications du pouvoir. «La langue de la démocratie est une langue étrangère à la démarche nationaliste. Il faut considérer en Algérie la langue de la démocratie comme un imaginaire qui permet de se frayer un chemin vers autre chose, vers un régime démocratique, mais jusqu’à présent, cette langue ne correspond pas à ce que les gens en attendent.» Mohammed Harbi.
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  • : L’école algérienne ne s’est pas attelée, en ce qui concerne l’enseignement de l’histoire, à la transmission du savoir. L’idéologisation de l’école l’a emporté sur les impératifs de la formation. Or, les concepteurs de ces programmes préfèrent envoyer leurs enfants dans des écoles occidentales. Du coup, la connaissance de l'histoire ne passe pas par l'école.
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  • Il est du devoir de chaque citoyen de s’intéresser à ce qui se passe dans son pays. C'est ce que je fais modestement.
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