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26 décembre 2016 1 26 /12 /décembre /2016 19:32
La commémoration du premier anniversaire de la disparition de l’emblématique chef historique, Hocine Ait Ahmed, survenue le 23 décembre 2015, revêt un caractère particulier. Que ce soit à Ath Ahmed ou à la salle Atlas, l’émotion se lit sur tous les visages. Pendant deux jours, les fidèles au combat du père fondateur de la nation ont honoré la mémoire de l’un des hommes politiques les plus probes que l’Algérie ait enfantés.
Cependant, bien que l’affluence, notamment à Ath Ahmed, soit mitigée, il n’en reste pas moins que la cérémonie s’est déroulée dans une communion exceptionnelle. Et s’il y avait eu le déplacement en masse des Algériens, l’hommage aurait correspondu davantage à la stature de l’homme. En revanche, en termes de mobilisation, l’hommage qui s’est déroulé à la salle Atlas a enregistré une présence massive.
Par ailleurs, après l’interprétation de l’hymne national par des jeunes scouts –il faut rappeler que Hocine Ait Ahmed a été un scout dans sa jeunesse –, les différents témoignages ont retracé les moments les plus marquants de la carrière de feu Hocine Ait Ahmed. De son premier pas en politique où il a assisté au débarquement des alliés à Alger en novembre 1942 à son retrait de la vie politique en mai 2013, chaque souvenir constitue un moment décisif de notre histoire.
Ainsi, dans les années quarante, malgré le charisme de Messali Hadj, Hocine Ait Ahmed et Mohammed Belouizdad parviennent à avaliser le projet de la création de l’OS (organisation spéciale), en février 1947, lors du premier congrès du parti indépendantiste, le PPA-MTLD, et ce, contre une grande tendance du parti. Sept mois plus, il succédera à Mohammed Belouizdad, atteint de la tuberculose, à la tête de l’OS.
Au moment où certains dirigeants se battent pour l’hégémonie de leur groupe au sein du parti –le groupe de la Casbah contre le groupe de Belcourt –, Hocine Ait Ahmed prépare un plan minutieux, exposé au comité central élargi de Zeddine, en décembre 1948. Ce programme expose en détails les orientations et les moyens de lutte.
En vue de financer l’activité clandestine de l’OS, il prépare, quatre mois plus tard, le hold-up de la poste d’Oran. Malheureusement, au moment où le parti est quasiment fin prêt, la direction exploite une maladresse d’un groupe de militants de la fédération de France du PPA-MTLD pour renvoyer le projet révolutionnaire aux calendes grecques.
Lors de la crise du parti indépendantiste en 1953 –en décembre 1953, Messali en appelle directement à la base pour qu’elle le débarrasse des réformistes –, Hocine Ait Ahmed opte pour la neutralité. Avec huit autres révolutionnaires, ils déclenchent l’action armée contre la puissance coloniale en novembre 1954. Bien qu’une grande partie des dirigeants croie à la seule victoire militaire, Hocine Ait Ahmed accorde une place importante à l’action politique et diplomatique. Et ce n’est pas par hasard que des cinq chefs historiques emprisonnés à la Santé –Ait Ahmed, Ben Bella, Bitat, Boudiaf, Khider –, il est le seul à soutenir, sans fard ni acrimonie, les résolutions de la Soummam.
Pour dépasser la crise entre les opposants et les partisans du congrès de la Soummam, Hocine Ait Ahmed suggère en avril 1957 la formation d’un gouvernement provisoire. Hélas, les divisions sont déjà irréversibles. Résultat des courses : en 1962, la crise plonge le pays dans une dictature monstrueuse. Alors que les membres des deux groupes, Tlemcen et Tizi Ouzou, se battent pour gagner la bataille, Hocine Ait Ahmed sort de la mêlée et demande l’arbitrage du peuple.
Cependant, bien que les vainqueurs de la crise de l’été 1962 aient mis tout le monde devant le fait accompli, Hocine Ait Ahmed accepte d’intégrer l’institution législative. Encore une fois, la déception ne tarde pas à se manifester. Et pour cause ! Le duo Ben Bella-Boumediene ne donne aucune chance au développement des institutions. Ainsi, malgré le mandat accordé aux députés en vue de doter le pays d’une constitution, le pouvoir exécutif propose un autre texte, rédigé, faut-il le rappeler, dans une salle de cinéma. Ce coup de force contre le pouvoir législatif provoque une rupture entre le pouvoir et l’opposition. C’est dans ce contexte et en réponse au coup de force constitutionnel que le Front des forces socialistes est créé.
Il s’en suit alors une période de clandestinité et de violence tous azimuts à l’encontre du FFS. Sans la vigilance et la pertinence du projet du FFS, le parti n’aurait pas survécu à tant de coups d’estocade. D’ailleurs, en 2012, Hocine Ait Ahmed ne dit-il pas que le maintien du FFS est en soi un miracle. Mais, en dépit des tentatives de déstabilisation, la ligne politique du FFS a visé et vise un seul objectif : la démocratisation des institutions en faisant du peuple algérien le centre du pouvoir.
Sans citer les initiatives une par une, dans leur esprit, elles reprennent toutes l’idée d’un consensus national. C’est le sens de l’intervention du 1er secrétaire national, Abdelmalek Bouchafa, en annonçant que le FFS participera aux élections législatives et locales en vue de créer une dynamique nationale autour du projet du consensus national. Un consensus qui ne peut se concrétiser qu’en bénéficiant de la confiance du peuple, car les appareils, comme en témoigne le départ précipité de Djamel Ould Abbes, secrétaire général du FLN, de la salle Atlas, œuvrent pour le maintien du statut quo.
Désormais, la balle est dans le camp du peuple algérien et aussi dans la capacité des dirigeants du FFS de le convaincre. Pour ce faire, il faudrait qu’ils se hissent au niveau de l’enjeu crucial : rassembler les Algériens autour de son projet progressiste. Cela suppose une pratique politique weberienne.
Aït Benali Boubekeur
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  • Il est du devoir de chaque citoyen de s’intéresser à ce qui se passe dans son pays. C'est ce que je fais modestement.
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