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6 août 2016 6 06 /08 /août /2016 18:55

Dans une déclaration au vitriol, un groupe d’anciens maquisards de la révolution 1954-1962 s’en prend avec une rare violence à l’actuel secrétaire général du FLN, Amar Saidani. Mélangeant sciemment la période historique et la période postindépendance, les signataires de l’appel commettent une erreur de jugement grave. En effet, si le FLN historique a été le mouvement de libération d’un peuple opprimé, celui de 1962 à nos jours a emprunté le chemin inverse.

De toute évidence, bien que les Algériens vouent un respect incommensurable aux libérateurs –après l’indépendance, certains d’entre eux ont subi les pires brimades que même le système colonial n’a pas osé leur infliger –, il n’en reste pas moins que leur appréciation a totalement changé s’agissant des chefs qui ont instrumentalisé le parti révolutionnaire en vue d’asseoir leur domination. En ce sens, cet appel a au moins 54 ans de retard.

Toutefois, pour ne pas endosser la responsabilité aux seuls dirigeants, force est d’admettre que si le peuple algérien avait été à la hauteur des défis postindépendance, aucun dirigeant n’aurait pu lui imposer quoi que ce soit. D’où l’interrogation suivante : comment se fait-il que le parti qui a été jadis un mouvement de libération des opprimés devienne aujourd’hui un instrument d’enrichissement au profit d’une bande d’irresponsables ?

À vrai dire, ce résultat n’est qu’un cheminement logique de la démission du peuple algérien au lendemain du recouvrement de l’indépendance nationale. Pour avoir consenti des efforts colossaux, pendant sept langues années de guerre, le peuple algérien a commis une erreur grave en croyant que la disparition du système colonial signifiait la fin de leur mission. Or, l’étape la plus cruciale n’était pas la guerre, mais la mise en place et le contrôle des institutions. En d’autres termes, le chantier qui devait commencer en 1962 était plus alambiqué que celui de 1954 à 1962.

Par ailleurs, pour revenir à la déclaration des anciens maquisards, il est évident que leur action est louable. Dans une Algérie scindée entre deux principaux groupes, à savoir ceux qui profitent et ceux qui se taisent, une telle démarche mérite d’être saluée. Mais, s’ils croient que le FLN actuel –pour les Algériens qui croient à l’égalité des chances, un tel parti devait cesser d’exister en tant que parti en 1962 –a encore un rôle à jouer, ils se trompent lourdement. Un parti gangréné par le mal de la base au sommet ne peut pas se réformer.

En somme, ce qu’il faudrait pour l’Algérie, ce serait un nouveau départ en se débarrassant des fausses légitimités. Pour ce faire, la fondation d’une deuxième République est plus que jamais nécessaire. Cela dit, ce rêve ne sera possible que si le peuple sort enfin de son hibernation, longue de 54 ans. 

Aït Benali Boubekeur

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