29 décembre 2016 4 29 /12 /décembre /2016 19:59
Il y a des assassinats politiques qui ne s’oublient pas. Incontestablement, la liquidation physique de l’architecte de la révolution, Abane Ramdane, en fait partie. Bien que le régime ait tout fait pour minimiser la portée de cette affaire, les Algériens, notamment ceux épris de justice, savent que la dérive a commencé à ce moment-là.
En tout cas, ce lâche assassinat révèle l'incompétence des chefs révolutionnaires à surmonter la crise. En recourant à l’élimination physique, les hommes forts de la révolution la jettent dans les bras de la future dictature. En effet, quand la politique n’a plus de place dans un mouvement, la violence devient, par conséquent, la règle.
D’ailleurs, de décembre 1957 à septembre 1962, les conflits se règlent selon la loi du rapport de force. Au summum de la crise en décembre 1959, lors de la paralysie du GPRA ayant duré six mois, ou en aout 1961, lors de l'élimination des anciens de d’UDMA de Ferhat Abbas du GPRA, ou en juin 1962, lors du congrès de Tripoli, la politique est reléguée au second plan. Et c’est en leur qualité d’hommes politiques que les instigateurs de la mort d’Abane Ramdane, en décembre 1957 –ils étaient des chefs militaires de premier plan – seront éliminés de la direction de la révolution après l’accession du pays a la souveraineté.
Depuis ce moment-là, la capacité du dirigeant postindépendance se mesure à son pouvoir de faire taire la société. Or, dans les pays qui se respectent, quel que soit le titre du chef, il n'est qu'un citoyen soumis aux mêmes droits et aux mêmes devoirs. En Algérie, malgré les 54 ans qui nous séparent de la fin du système colonial, le statut du citoyen de seconde zone subsiste toujours.
En nous rendant, avec un groupe d’amis, le 24 décembre, à Alger, pour assister au meeting du FFS, un gendarme nous demande, à la sortie de Tizi Ouzou, notre destination. Le chauffeur explique alors la raison pour laquelle il se rend à Alger. Et pourtant, une simple vérification des papiers aurait dû suffire. Durant tout le trajet, plusieurs questions me taraudent l’esprit : si le gendarme n'était pas satisfait de la réponse, est-ce qui pourrait nous demander de rebrousser chemin ? Est-ce une simple curiosité ou une faon de nous intimider ? Ou est ce les deux la fois ?
Cela étant dit, bien que notre exemple n’ait pas une grande importance par rapport à l'élimination d’un grand homme, comme Abane Ramdane, il n'en reste pas moins que la crise actuelle a pris ses racines de la dérive révolutionnaire de decembre1957.
Pour conclure, il va de soi que l'assassinat injuste d’Abane Ramdane a pesé très lourd sur l'avenir du pays. Bien que le système politique ait évolué, force est de reconnaître que certaines pratiques, qui ont causé, de surcroît, tant de mal à la révolution et à notre pays pendant les premières années de son indépendance, n'ont pas disparu. C'est comme si la malédiction poursuivait le pays après tant d'assassinats injustes. Faudrait-il pour autant pleurnicher sur le sort du pays si les Algériens ne faisaient rien pour changer le système de gouvernance ? C’ est tout le sens, me semble-t-il, du combat qu’il faudrait mener.
Aït Benali Boubekeur

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