Par Said Radjef. Le 2 novembre 2016
La violence c’est la paix, la délation c'est le courage, la liberté c’est l’esclavage, l’ignorance c’est la force, a longtemps scandé le DRS.
Même l'URSS de Staline, la France sous l'occupation nazie, et plus proche de notre époque l'ex RDA de la Stasi, n'ont pas atteint ce seuil de délation auquel est parvenu notre pays de 1985 à 2000.Sujet douloureux qui indispose les intellectuels Algériens, notamment les historiens, les sociologues, les psychiatres, les psychologues…La presse, quant à elle, évite même de faire la moindre allusion à cette question.
L'aptitude, le savoir, la compétence n'ont plus aucun sens. Les lettres et les coups de téléphones anonymes les ont remplacés. Devenir délateur, indicateur et mouchard est devenue même l'ambition de beaucoup de jeunes Algériennes et Algériens.
Beaucoup de citoyens ont vécu l'enfer sans savoir ce que leur était reproché, de quoi ils étaient coupables. Des bataillons de cadres ont été chassés, persécutés tandis que près d'un million d'universitaires et de bacheliers avaient pris le chemin de l'exil. Les institutions et les corps constitués ont été pollués par la suspicion, le doute, les faux semblants et la peur. Tous les secteurs de la vie sociale ont été empoisonnés, gangrenés à telle enseigne qu'au sein de la même famille, la même structure politique personne n'a confiance…
Certaines sources parlent de 8 millions de délateurs. La plupart d'entre eux est issue de milieux délinquants, des repris de justice, des homosexuels, des drogués, des pédophiles, des faux moudjahidines, des faux diplômés…
La délation dont nous parlons ici n'a rien avoir avec l'acte de dénoncer une injustice, l'incivisme de la société…La délation dont nous parlons ici est une forme de terrorisme hautement élaborée. Ses concepteurs l'ont baptisé fièrement "terrorisme pédagogique".