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30 octobre 2016 7 30 /10 /octobre /2016 17:10

Par Said Radjef. Le 30 octobre 2016
Hier, tard dans la soirée, Nana Ouiza m'a appelé plus d'une dizaine de fois au téléphone. Et à chaque fois, elle me lançait la même menace: "Si tu ne viens pas, je vais t'étrangler." 
Il était à peine dix heures lorsque je suis arrivé à Ighil Imoula. Sur place, je trouve Nana Ouiza en train de m'attendre en présence de journalistes de Canal Algérie-A3, de l'APS, de la radio chaine II et chaine III… et l'association Mechâal Echahid…J'étais soulagé de la voir qu'elle ne souffrait pas. Hormis son arthrose, elle est solide comme le chêne du Djurdjura. Et dire que durant tout le trajet je me suis imaginé les pires scenarios…
"Viens t'asseoir près de moi, j'ai envie de sentir l'odeur d'Ali", me dit elle avec un sourire dont elle est la seule a avoir le secret. Et d'ajouter: " Aujourd'hui, j'ai envie de leur dire ce que je pense de nos dirigeants."
Non, Na Ouiza, pas aujourd'hui, il faut choisir un autre jour, lui ai-je recommandé.
"Tais toi et laisse moi parler, je veux vider tout ce que j'ai sur le cœur."
Elle a longtemps parler de son époux Ali Zamoum, de Abane, de Boudiaf, de Krim, de Ben M'hidi, de Bitat, d'Ait Ahmed, de Zabana (Zahana), de Ouamrane, de Si Salah, des Mohammedi, de Ben Boulaid, de Ben Ramdani, de Idir,de Med Laichaoui, des Marocains, des Tunisiens, des jeunes militants Oranais et Constantinois; elle a aussi longuement parlé des ces f'houla des chaouias et des gens du Sud…
"On était tous comme une famille; on était toutes des sœurs et tous des frères", explique t-elle. Et d'ajouter avec tristesse et regret: "Mais les choses semblent avoir changer aujourd'hui…On se souvient de l'Algérie qu'une fois par an, alors que les gens qui la torpillent et la rendent malade le font chaque jour."
Le journaliste de Canal Algérie me fixe dans les yeux, mais je ne pouvais rien dire. 
Nana Ouiza est une grande dame. J'avais peur qu'elle ne remette sur le tapis, devant la presse, les rivalités du village Ighil Imoula ou qu'elle déraille sous le poids de la solitude…Mais non, elle nous a juste rappelé à toutes et à tous ce qu'être patriote veut dire, ce qu'être militant veut dire.

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commentaires

M
Émouvant fut ce témoignage de nana Ouiza , comme tant d'autres femmes de cette Algérie en général et de cette Kabylie en particulier, qui furent les gardiennes du temple. Les yeux rivés sur le coin de la cheminée laquelle , jadis, illuminait les visages de ces maquisards transi par le froid qui enveloppait la région du Djurdjura. Elles vous raconteront, avec le moindre détail, cette opération ordonnatrice du 1 er Novembre 1954: Un jour sec et froid se lève sur Ighil Imoula, un bourg de Kabylie accroché aux contreforts du Djurdjura, le 27 octobre 1954. Le garde champêtre, un des rares habitants du village à être "du côté des Français", n'entend pas la ronéo qui tourne à plein régime chez l'épicier Idir Rabah. C'est là qu'est tiré, à plusieurs centaines d'exemplaires, le texte de la proclamation du Front de libération nationale, daté du 1er novembre, appelant à l'insurrection contre la France. Le stencil a été apporté d'Alger et pris en charge à partir de Tizi Ouzou par des militants.<br /> Le dimanche suivant, 31 octobre 1954, il fait un temps gris sur la montagne kabyle, et Krim Belkacem pense à l'hiver qui s'annonce. Et à ce que les maquisards, ses hommes, vont devenir. A de rares exceptions près, aucun d'entre eux n'a jusqu'ici réellement vécu en clandestin. Vers 10 heures du matin, un messager emporte six petites lettres griffonnées de son écriture fine. Le même message, pour les six chefs de région : "Ordre de passer à l'exécution des plans arrêtés ensemble. Début des opérations : cette nuit à partir de 1 heure du matin. Respecter strictement les consignes : ne tirer sur aucun civil européen ou musulman. Tout dépassement sera sévèrement réprimé. Bonne chance et que Dieu vous aide. Fraternellement, Si Rabah." "Si Rabah" est le pseudonyme de Krim Belkacem, qui tient le maquis en Kabylie depuis de nombreuses années.<br /> Mais, mais les bouleversements récents, la politique du néant menée par ce pouvoir, nous éloignement même de la Guerre de libération nationale et sont autant de facteurs qui expliquent «ce retour naturel vers le passé».

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  • Il est du devoir de chaque citoyen de s’intéresser à ce qui se passe dans son pays. C'est ce que je fais modestement.
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