Depuis l’indépendance du pays, l’histoire du FLN se résume aux complots et aux coups de force. À l’exception de la parenthèse « Abdelhamid Mehri », le FLN présente une piètre image. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que celle-ci est en contradiction flagrante avec les valeurs qui ont présidé à la fondation du FLN historique.
En fait, à chaque nomination ou destitution à la tête du FLN, le parti s’éloigne davantage du fonctionnement démocratique. D’ailleurs, peut-il être considéré comme un parti lorsque l’on sait que le FLN postindépendance se contente de soutenir le clan régnant ? En effet, bien que le jugement soit sévère, force est de reconnaître qu’il ne possède ni ligne ni programme politiques.
Pour cela, on peut dire que ni le départ de Saidani ni l’arrivée d’Ould Abbès ne peuvent tirer le FLN vers le haut. Car, depuis belle lurette, le FLN est devenu le parti où les affaires prennent toute la place de la politique.
De toute évidence, bien que le pays soit à la croisée des chemins, au FLN, les intérêts du régime passent bien avant ceux du pays. D’ailleurs, qui peut parier, une semaine avant le limogeage de Saidani, sur un tel départ ? Comme à son arrivée, le 29 août 2013, dans des conditions ambigües, son départ ne déroge pas non plus à la même règle.
Cependant, ce qui est regrettable, c’est incontestablement l’incapacité de cet appareil –le parti a cessé d’exister en 1962, et ce, après avoir réussi à mener, avec brio, le peuple algérien à son indépendance –à s’adapter aux règles démocratiques. Et pourtant, la parenthèse réformatrice du FLN, entre 1989 et 1991, où deux hommes, Hamrouche et Mehri, ont tenté de soustraire leur parti à l’emprise des services, a failli conduire à la fermeture de la page sombre du parti unique.
Malheureusement, cette tentative a été stoppée aussitôt. Pire encore, en 1996, la police politique reprend le contrôle du parti en destituant Abdelhamid Mehri. Depuis ce « coup d’État scientifique », dont le but est de détruire le parti pour en faire derechef un appareil, le régime veille à ce que le FLN revienne à sa mission initiale : servir de paravent aux dirigeants.
Depuis cette date, ce qui est bon pour le régime est forcément bon pour le FLN. Pour étayer cette thèse, il suffit de poser la question suivante : si on soumettait au comité central du FLN le nom de l’un des opposants à Saidani, est-ce qu’il voterait contre ? À vrai dire, l’histoire du FLN se résume dans la réponse à cette question.
Pour conclure, il va de soi que le départ de Saidani n’est bénéfique ni pour l’Algérie ni pour la démocratie. Et pour cause ! Cette affaire ne concerne que le clan régnant. Pour ce dernier, si un chef ne sert pas convenablement les intérêts du régime, il désignera quelqu’un d’autre. Et qui plus est, dans la situation actuelle, où l’action politique est dévalorisée, il n’est pas difficile de trouver les candidats.
Aït Benali Boubekeur