/image%2F0550898%2F20160917%2Fob_5380eb_images.jpg)
La campagne présidentielle, en France, s’annonce d’ores et déjà très chaude. Si l’alternance ne fait quasiment aucun doute, les candidats de droite doivent durcir le ton en vue de contrer les visées hégémoniques du front national (FN) sur les thèmes de la mémoire. Ainsi, bien que la crise économique soit le nœud du problème, la victoire se fera indubitablement sur les thèmes suivants : la place de l’islam en France, l’identité nationale et de façon plus générale sur les questions sécuritaires.
Cela dit, avant même le lancement officiel des différentes campagnes, certains candidats à la primaire « les républicains », ex-UMP, donnent déjà le là. Le 28 août dernier, François Fillon ressuscite le débat, clos en 2005 après l’abrogation de la loi du 23 février, sur le rôle positif de la colonisation.
De toute évidence, bien que la France de 2016 n’ait rien à voir avec celle qui a conquis injustement des territoires en vue de subjuguer les populations aborigènes, il n’en demeure pas mois qu’en provoquant le débat sur ces périodes sombres, François Fillon ne fait que rouvrir la plaie qui a déjà du mal à se cicatriser. Et la moindre des choses, c’est que si le sujet doit être abordé, il devra être traité en toute objectivité.
Faut-il rappeler que la même proposition a été contestée par l’ensemble des chercheurs en 2005. Ainsi, bien que le parlement ait voté la loi, le président de l’époque, Jacques Chirac, a répondu favorablement à l’appel des historiens réclamant le retrait du texte. Parmi les historiens, il y avait des éminents noms, tels que Benjamin Stora, Claude Liauzu, etc. Regrettant la teneur du texte de loi, Claude Liauzu a déclaré que « ce texte reste muet sur la face sombre de la colonisation, les sévices et les crimes dont furent victimes les populations des territoires colonisés. »
Que propose François Fillon dans son fameux discours du 28 août 2016 ? Il propose la glorification du passé colonial. Car, selon lui, la colonisation avait pour seule mission de partager la culture, le savoir avec les autres peuples. C’est, évidemment, à ce niveau que le bât blesse. Et qui plus est, c’est cette version que récusent les historiens.
En effet, lors des occupations, la France n’a pas envoyé ses scientifiques, mais des hommes armés jusqu’aux dents. Car, si la conquête avait été faite avec le stylo, la pacification du territoire algérien n’aurait pas coûté un lourd tribut, estimé par l’historien Olivier le Cour Grandmaison à 900000 victimes.
En guise de conclusion, il va de soi que la colonisation a réduit l’indigène à un statut subalterne et avilissant. À ce titre, les peuples colonisés ne peuvent ressentir aucun apport positif de la colonisation, car ce système a détruit tous les repères de ces sociétés.
Toutefois, pour des raisons qui échappent à toute logique scientifique, des politiques français soutiennent l’inverse. Et comme par hasard, à chaque fois, ce thème revient avec acuité à l’approche des rendez-vous électoraux. Ce qui preuve in fine que ce discours n’est que conjoncturel et ne vise qu’à flatter les nostalgiques de l’un des pires systèmes que l’humanité ait connus.
Aït Benali Boubekeur