Ils nous ont fait oublier qui nous sommes.

Par Saïd Radjef. Le 17 septembre 2016
Généraux du DRS, quel gâchis!
Voila ce qui arrive quand un pays est gouverné par un tas de cons et d'imbéciles heureux. Pendant plus d'un demi siècle, ils ont fait la guerre à l'intelligence, au savoir, à la vérité et à l'aptitude…qu'aujourd'hui on ne sait plus ce que signifie être Algérien. Tout le monde sait comment être un agent du DRS, un 'rkhis" un islamiste, un arabe, un berbériste…mais personne ne sait comment être un Algérien, ce citoyen forgé par plus de 2000 ans d'histoire. Quel citoyen avons-nous été ? Qui sommes-nous aujourd’hui ? Qui serons-nous demain ?
La seule et unique source de réponse dont nous disposons, est notre mémoire. Or notre mémoire a été si manipulée par des idiots déguisés en supers patriotes qu'on ne sait plus ce que signifie être aujourd'hui un citoyen Algérien. On a fait de notre mémoire un instrument d'oubli, un outil de reniement collectif…Pour beaucoup aujourd'hui, et ils sont nombreux à l'exprimer quotidiennement, avec fierté et exaltation, sur les réseaux sociaux, être Algérien c'est être moins musulman, moins arabe et moins amazigh…Ils nous prodiguent à longueur de journée des leçons sur l'identité, sur l'Islam…
Nous sommes ce dont nous nous souvenons, et depuis 1988 nous ne nous souvenons que des choses qui nous ont marqué dans notre chair…On s'est tant haï pour des valeurs qui ont toujours fait notre force à travers les siècles…C'est ça votre prouesse messieurs les dirigeants!

Comments

[mellah hocine]

J'ajouterais volontiers cet éloge de l'analphabétisme repris par Salima Ghezali:
A l’occasion de sa réception d’un Prix littéraire dans la célèbre ville de Cologne, le philosophe et romancier allemand Hans Magnus Enzensberger a jugé utile de faire profiter un public de fins lettrés d’une réflexion intitulée « Eloge de l’Analphabétisme ». Pour incongrue qu’elle puisse sembler de prime abord, cette initiative prend tout son sens quand l’heureux lauréat se met à décrire l’Analphabète : « …Si j’en tiens compte, l’analphabète m’apparaît comme un personnage honorable, auquel j’envie sa mémoire, sa capacité de concentration, sa ruse, son esprit d’invention, son endurance et la finesse de son ouïe(…) Peut-être vous demandez-vous comment il se fait que ce soit un écrivain qui en vienne à prendre le parti de ceux qui ne savent pas lire…Mais pour la raison bien simple que ce sont les analphabètes qui ont inventé la littérature, dont les formes élémentaires, du mythe aux chansons enfantines, du conte au lied et de la prière à l’énigme, sont toutes plus anciennes que l’écrit ! Sans tradition orale, il n’y aurait pas de poésie, sans analphabètes pas de livres. »

Volontiers , valable à ceux qui nous ont fait oublier qui nous sommes.

[mellah hocine]

Votre introduction est mal placée, car c'est un pouvoir dont les hommes ne sont ni des cons ni des imbéciles, puisqu'ils ont à la tête de ce pays depuis l'indépendance, soit depuis plus de cinquante ans. Gouverner ou plutôt prendre le pouvoir d'un pays, qui ne manque pas d'intellectuels, ni de politiciens et le guider à leur guise en lui insufflant la théorie de l'oubli, ce n'est certainement pas à la portée de n'importe qui. Faudrait il rappeler la situation qu'avait vécu notre pays au lendemain des élections législatives du 26 Décembre 1991, dont on connaît la sempiternelle question concernant ces élections. Fallait-il ou pas les annuler? Fallait-il, au nom de la démocratie, tordre le cou à cette même démocratie? Ils l'ont fait, délibérément et en Janvier 1992 , l'Algérie s'est retrouvée dans un vide constitutionnel. Oui un vide constitutionnel, qui l'aurait cru, après l'une des constitutions votée en Février 1989 qui apparaissait la plus démocratique . Qui aurait pensée que deux ans après , un vide constitutionnel viendrait remettre les compteurs à zéro. Qui aurait cru que des experts , des juristes ou encore des politiciens ne puissent pas détecter ce vide au moment du référendum constitutionnel. Cet intermède avait permis au pouvoir de se restructurer pour garder encore des avantages plus importants. Plus de deux décennies après cette "effraction démocratique" , la situation s'est empirée avec un rétrécissement des libertés, de toutes les libertés, une situation sociale plus que précaire et un climat politique vicié.
L'oubli , l'effacement de la mémoire sont autant de germes inoculés dans un climat d'insécurité et de suspicion , pour permettre à une classe de vautours de s'accaparer des richesses de ce pays. Ces vautours qui ne respectent aucun fondement humain et qui se soumettent sans crier gare.
Je suis persuadé que l'Algérie a encore des HOMMES et des FEMMES qui tiennent à leur dignité afin de ne pas succomber à ce fatalisme destructeur. Tôt ou tard, notre Algérie aura ses dirigeants , son élite tout comme ceux avaient lutté et mis fin au colonialisme.