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Par Saïd Radjef. Le 17 août 2016
Madame, nous sommes à la veille de la rentrée scolaire.
Comment expliquer qu'un enfant de 15 ans très brillant, si doux et si courtois, élevé au sein d'une famille modérée, puisse sombrer du jour au lendemain dans l'intégrisme, au point d'interdire avec violence à ses parents de regarder la télévision, de recevoir des invités, de faire des sorties sur les plages? Comment cet enfant nourri aux valeurs ancestrales s'est cloitré avec pour seul compagnon son livre du Coran dans sa chambre depuis plus de deux mois?
Le cas de cet enfant que je connais très bien m'a profondément secoué. Véritable espoir de son lycée, (primé à de nombreuses fois par les walis de Tizi) il a été détourné de ses études et de sa famille par son prof d'éducation religieuse…Est ce là le rôle de l'école Algérienne, Mme?
Mais le cas de cet enfant n'est pas le seul; d'autres parents m'ont fait part de leur calvaire au sujet de leurs enfants…
Je suis né et j'ai grandi au sein d'une Zaouïa. Nos parents nous ont toujours appris l'amour de la science et du savoir, le respect des parents et de la famille; ils nous ont toujours nourri à la sève de la tolérance, de l'ijtihad, de la solidarité, du dialogue et de l'ouverture…Et comme ça, tout seul, face au cas de cet enfant qui a bouleversé la vie de ses parents, je me pose cette question: cet Islam qui nous a tant bercés dans ses bras quand nous étions des enfants, a-t-il changé à ce point? L'Islam de notre enfance est-il capable d'une telle violence, de tels dégâts au sein de la famille et d'un tel formatage de la société?
Je sais, dès qu’on touche à l’Islam , la foule gronde et la colère grandit. Pas touche à l’Islam, pas question non plus de remettre en question cette religion…Nous naissons tous avec un potentiel de créativité et d'amour immense et il n'est dit nulle part à travers le Saint Coran de le saper, de le gâcher, de le saboter d'année en année parce que la priorité de l'Islam est ailleurs…L'Islam n'est pas un ensemble d'interdits avec lequel on formate l'enfant; l'Islam c'est le don de la créativité, c'est le savoir, c'est la science, c'est la conquête technologique, c'est l'art, c'est le talent, c'est la spontanéité intellectuelle…
Il est clair que cet enseignant d'éducation religieuse que l'Etat a formé et à qui il verse aujourd'hui, à chaque fin du mois, une paie se chiffrant à plus de six millions, est le premier ennemi de l'Islam, de l'école et de la République.
Les enfants délinquants.
LES enfants délinquants, l'Algérie en connaît, qui le contesterait ? Pas seulement des adolescents ou des jeunes quasi adultes, mais parfois de très jeunes enfants. L'école les a éjectés, ils cambriolent, ils rapinent et vandalisent chaque nuit leur entourage. Et d'ici peu, à l'âge adulte, il y aura parmi eux qui vont être des caids dans le crime organisé ou Emirs dans les organisations terroristes. Ce qui est fort probable.
La délinquance juvénile est une réalité en Algérie.
A chaque sortie, lors des opérations de démantèlement de réseaux de délinquants ou de bandes organisées, comme ce fut le cas au cours de ce mois à Assi Youcef, Tizi Ghennif, Drâa Ben Khedda, M'kira…les gendarmes présentent des jeunes de moins de 18 ans, fraichement renvoyés de l'école, devant les procureurs de la République près les tribunaux de la Kabylie. Les statistiques de la gendarmerie et de la BMPJ font peur, puisqu'elles donnent l'exacte mesure de la réalité de la délinquance juvénile dans notre pays.
Pour ainsi dire, l'enfant n'a pas tellement de choix: soit il devient fanatique en sombrant dans l'intégrisme religieux ; soit exclu de l'école, il devient un gangster, en attendant de se spécialiser dans une activité criminelle…