La disparition de la robe traditionnelle Kabyle.

Par Saïd Radjef. Le 28 août 2016
La robe traditionnelle Kabyle se fait de plus en plus rare. Elle est même menacée de disparition à cause des nouvelles modes vestimentaires qui viennent d'ailleurs. C'est ce que j'ai constaté lors des fêtes de mariages auxquelles j'ai été convié. Et pourtant, je suis au cœur du Djurdjura ou la revendication identitaire bat son plein. Si la femme est l'avenir de l'homme, alors disons le tout de suite: le Kabyle n'a plus d'avenir. Les jeunes filles Kabyles sont partagées entre le hidjab et le prêt-à-porter comme le pantalon "slim" serré, la chemise (ou débardeur) et le décolleté. Par moment et par endroit, la tenue est osée, aux antipodes de l'esprit de la robe traditionnelle Kabyle.
La tendance est la même, sinon pire dans les établissements scolaires et les universités d'Alger, Tizi, Bejaia et Bouira ou la robe Kabyle a totalement disparu. Inspirée de l'antérieur et des réalités socioculturelles du Maghreb , la robe traditionnelle Kabyle est aujourd'hui effacée par les nouvelles modes vestimentaires venues de l'Occident et de l'Orient. Du coup, c'est tout une industrie artisanales qui disparait à son tour, au fil du temps.
A force de vouloir se distinguer du reste de l'Algérie, la Kabylie a perdu son authenticité, son originalité.

Comments

[mellah hocine]

Comment prétendre garder une composante de l'identité , quand celle-ci est totalement effacée . La Kabylie, véritable fief du pays Amazigh, a perdu son authenticité d'une région proprement distincte du reste du pays. Les prémices d'une altération culturelle et identitaire se manifestées dés lors qu'on folklorise cet habit purement traditionnel par l'organisation, au niveau d'une commune ou d'un village, de "FÊTE DE LA ROBE KABYLE"... sous le haut patronage ... d'un tel . Car la robe Kabyle est un symbole de résistance contre le déni de l’identité berbère et son histoire ancestrale. Et c'est ainsi pour le burnous, qui subit les conséquences de cette folklorisation. Cela est aussi valable , pour le bijoux Kabyle, qui faisait longtemps la fierté de nos mariées, mais avec cette fête du bijoux Kabyle, la tendance au folklore s'est emparée de ce véritable joyaux. On peut citer le cas de la poterie Kabyle qui fut , jadis, une composante primordiale du foyer Kabyle. De cette réflexion, n'oublions pas de citer cette lycéenne qui fut exclue de sa classe par son enseignante pour la simple raison qu’elle portait la traditionnelle robe kabyle, encore un facteur d'exclusion et d'effacement de cette tenue.
Le pouvoir central , avec l'aide du pouvoir local, a, irrémédiablement, programmé la disparition de ces particularités régionales par l'organisation de ces "fêtes" et la folklorisation de ces racines identitaires. Car ce sont de véritables racines qui pouvaient entrevoir une présence et une existence à très long terme, égales ou même supérieures à l'histoire millénaire de nos ancêtres.
La robe Kabyle, le burnous, la poterie kabyle et la chanson kabyle sont autant de vecteurs unidirectionnels d'une revendication identitaire. Leur effacement et leur disparition ne sont , en fait, qu'une voie tracée pour la disparition de notre personnalité.