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Par Saïd Radjef. Le 13 août 2016.
Avec la nouvelle constitution et la restructuration des services secrets, l'Algérie a-t-elle encore besoin de ses corbeaux et de ses chuchoteurs? L'Algérie dont les adversaires (la haute finance internationale, la grosse industrie militaire et le sionisme) sont clairement identifiés, peut-elle encore se plier aux caprices de ses bataillons de délateurs et de fausses notabilités?
Le miroir aux alouettes.
Publiquement, ils dressent un réquisitoire accablant contre les institutions et l'Etat; en cachette, ils sont les rois de la fitna et de la délation…Ils, ce sont les corbeaux Algériens qui ont prospérer et construit des fortunes grâce à la délation.
Les corbeaux sont des oiseaux de mauvaises augure. On les reconnait tout de suite , à quelques signes qui ne trompent pas: vanité, arrogance et un patriotisme surdimensionné. Par une tradition qui remonte à la guerre de libération, ils pensent qu'ils sont les dépositaires de la démocratie. Ils croient que Dieu les a investis pour chasser celles et ceux qui refusent de se plier à l'ordre établi, en cette époque ou l'humanité a perdu tous ses repères.
Les fantômes du régime.
Longtemps, la question de la délation, sujet très douloureux, a été ignorée par les uns et les autres, au sein de l'intelligentsia Algérienne. La délation (lettres anonymes) s’était progressivement transformée pendant le règne du colonel Boukharouba en véritable système de pouvoir et de gouvernement. Instrument de connaissance de l’opinion et de contrôle de la population, la délation fut fortement encouragée par le régime de Boukharouba qui voyait partout les fantômes de Ben Bella, Krim, Khider, Boudiaf, Ait Ahmed, Debaghine, Ferhat Abbas, Cheikh Mehieddine…l'assaillir. A partir des années quatre vingt, dans le contexte d’un changement de philosophie sociale, restructuration des forces de la SM, le régime se dota de différents organes d’investigation et de répression disposant chacun d’un réseau d’informateurs stipendiés, chargés de surveiller et de dénoncer les opposants et les récalcitrants (souvent opérant seuls en électrons libres). Certaines catégories professionnelles furent, en outre, fortement incitées à apporter leur collaboration à ce travail d’information. À côté de cette délation organisée et sollicitée, les délations spontanées se multiplièrent. Des milliers de lettres, le plus souvent anonymes, furent adressées aux autorités pour dénoncer des comportements jugés « déviants ». Les délateurs agissaient par adhésion idéologique au régime aussi bien que par intérêt. Dès le début des années quatre vingt dix, la délation s’était enracinée dans la société Algérienne au point de n’épargner ni les milieux politiques clandestins (qui se déclaraient comme tels) , ni inversement les milieux proches du pouvoir…