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Par Saïd Radjef. Le 26 juin 2016.
L'histoire du mouvement nationaliste et de la guerre de libération est actuellement au creux de la vague. Les principaux témoins sont morts, ou agonisent; les autres qui ont raté le train racontent n'importe quoi pour se consoler ou se faire une place parmi les grands, en s'appuyant sur les discours à la mode.
J'étais en train de chercher parmi mes affaires lorsque je tombe sur d'anciens écrits , dont un entretien avec Belounes Said. Une partie de cet entretien a été publiée par la presse en 1994, alors que l'autre portant exclusivement sur la Kabylie entre les événements génocidaires du 8 mai 1945 et la crise berbériste de 1949 fut suspendue par Belounes Said à la demande d'Ali Zamoum.
Belounes Said est né en 1922 à Ait Imghour dans la région de Boghni. Instituteur et fils d'instituteur, il fut chef de la Kabylie sous la bannière PPA-MTLD jusqu'à 1949…
Ci après un extrait de cet entretien.
Amar Cheballah: Comment protégez vous Abane et Krim alors que l'un et l'autre ont demandé votre liquidation physique?
Belounes Said: Je l'admets; nous étions, au lendemain des boucheries du 8 mai 1945, une ultra-minorité liée par la jeunesse et la foi envers ce que nous appelions "tamazighit notre identité"… Je constate que toi aussi tu rues dans les brancards comme tout le monde; tu refuses de réfléchir et de faire preuve d'intelligence…
Vous donnez une place démesurée à l'affaire dite " crise berbériste de 1949", alors qu'elle n'a été qu'un accident de parcours, un fait divers qui ne mérite même pas qu'on en parle aujourd'hui… C'est un épisode qui n'a rien d'explosif mais que certains utilisent aujourd'hui pour solder des comptes avec le passé…
C'est à ma demande, lorsque Messali avait refusé d'inscrire à l'ordre du jour la question de la reconnaissance de Tamazighit, que Ali Yahia Rachid organisa une élection en France en passant outre les règlements du parti. Ali Yahia Rachid avait si bien manœuvré qu'aucun cadre proche de Messali n'a été reconduit à la tête du parti en France…Le lendemain c'est la panique générale à Alger: Benballa, Ait ont été chargés de mettre de l'ordre en Kabylie, Radjef Belkacem fut envoyé à Paris pour faire entendre raison aux frères Kabyles…Au bout de quelques jours, les choses ont retrouvé leur cours normal sans qu'aucun de nous ne fut exclu du parti…
Amar Cheballah: Vous n'avez pas encore répondu à ma question.
Belounes Said: J’ignore tous des règlements de compte byzantins auxquels certains font constamment allusion…Je n'aime pas Abane et Krim, mais ce sont deux grands patriotes Algériens sans qui l'indépendance du pays aurait tardé a voir le jour. Sans eux, sans leur intelligence , la révolution aurait sombré dans les questions inutiles, dans les difficultés de la vie quotidienne, dans les affrontements et déchirements à propos de n'importe quoi…Ce sont des rassembleurs qui ont sacrifié leurs ambitions personnelles pour la dignité de chacun d'entre nous…
Amar Cheballah: Donc, vous les protègez…
Belounes Said: Tu ne sais pas ce que tu dis…