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7 mars 2016 1 07 /03 /mars /2016 10:35
Pour que l’émancipation de la femme algérienne ne soit plus une fiction.

Les célébrations de la journée internationale de la femme se suivent en Algérie sans que son statut connaisse une évolution notable. À vrai dire, compte tenu des blocages qui paralysent le système politique, il est difficile de concevoir une éventuelle émancipation de la femme.

Bien évidemment, le propos ici concerne les millions d’anonymes. Celles qui sont sous la protection du régime, dansant à l’occasion de l’adoption de la nouvelle constitution, sous les regards amusés de Saidani et de sa clique, n’ont pas besoin de la compassion des opprimés.

En effet, dans la mesure où le pouvoir se mesure à la puissance des dirigeants en place, la condition de la femme dépend donc de l’influence de son entourage. Cette catégorie représente évidemment une infime minorité. Quant à l’écrasante majorité, elle attend la journée du 8 mars pour que sa condition soit évoquée. Pour qu’on reparle derechef d’elle, il faudra qu’elle attende 364 jours.

Ainsi, à partir du 9 mars, la misogynie et les brimades reprennent, comme par enchantement, leur droit. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la femme algérienne est doublement pénalisée. D’abord, elle ne peut participer à la gestion des affaires du pays, comme c’est le cas du peuple algérien dans son ensemble, et, ensuite, elle doit se soumettre, dans ce même monde des opprimés, aux pesanteurs, contenus dans les différents codes et traditions.

Et pourtant, historiquement parlant, la femme algérienne n’a pas à rougir de son rôle pour que le pays recouvre sa souveraineté. Son exclusion, comme l’est le peuple algérien de façon générale, est un acte injuste dans la mesure où le texte fondateur de la révolution algérienne parle des libertés sans distinction de sexe.

Malheureusement, après l’indépendance, les idéologues du FLN pensent à tort qu’en privant les Algériennes et les Algériens de leurs droits élémentaires, ils parviendront à former une nation forte. 54 ans après l’indépendance, le résultat est catastrophique. Car, au lieu de se tourner vers l’avenir, les Algériennes et les Algériens luttent pour qu’on respecte leurs droits fondamentaux.

Cela dit, est-ce que la partie est irrémédiablement perdue ? Pour peu que le peuple algérien y croie, il n’y pas de raison de perdre espoir. Bien que tout changement doive désormais se mesurer au statut de la femme, cela ne peut y arriver sans le changement du système dans son ensemble et dans le cadre pacifique.

Pourquoi une telle référence à la condition de la femme ? Dans ce déni qui nous touche collectivement, la femme le subit en appartenant à la majorité opprimée et ensuite elle le cumule avec d’autres contraintes dans le monde des opprimés.

Pour conclure, il va de soi qu’un code de la famille dans une Algérie rénovée n’a aucune raison d’être. Pour atteindre ce stade, il faudrait se battre pacifiquement. Dans l’état actuel des choses, force est de reconnaître que la tâche n’est pas une sinécure. Comme l’écrit Mimi Massive, « l’homme qui est censé la protéger n’arrive plus à se protéger lui-même. » Du coup, pour le moment, tout ce qu’on peut faire, c’est de souhaiter à la femme algérienne une joyeuse fête.

Aït Benali Boubekeur

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commentaires

M
Cher Monsieur AIT BENALI, vos analyses, sur des sujets d'actualité, nous mènent à revoir et à corriger puis à enrichir notre vision du politique. Effectivement votre article du 08 Mars 2009 est plus que d'actualité, dans ce monde "ALGERIE" qui semble bloquer depuis 1962. En conclusion , vous aviez remis sur le terrain ce sujet de la femme. L’Algérienne, qui a participé à toutes les périodes cruciales de son pays, doit être l’égale de l’homme. Pendant la colonisation, la femme algérienne a subi les pires humiliations. Aujourd’hui rien ne justifie sans statut inférieur. D’ailleurs, son émancipation ne sera que bénéfique pour l’avenir de l’Algérie. Les études comparatives, les analyses sociologiques et économiques montrent que là où la femme est infériorisée, la société ne progresse pas, ou progresse lentement, que celles qui favorisent l’égalité entre les hommes et les femmes, a écrit un universitaire algérien dans un de ses textes.
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M
Pour être plus près du sujet et pour que l'émancipation de la femme ne soit pas une fiction,il est souhaitable d'analyser cette rupture avec la participation de la femme durant la guerre.Il s'agit là d'une fracture dans le temps chronologique. Fracture entre le temps des moussebilates, poseuses de<br /> bombes, de la "mère" des moudjahidine et celui des femmes icônes.<br /> N'étant plus indispensable ou plutôt n'étant plus utile, une fois l'indépendance acquise, loin de constituer un passage obligé comme en 1954, la moudjahida et la moussebila connaîtront le même sort que la<br /> mitraillette mise au placard pour être exhibée seulement lors des cérémonies officielles et des fêtes nationales.<br /> La mise à l'écart des femmes a non seulement été pénible pour les plus conscientes et les plus politisées d'entre elles, mais plus encore dommageable pour la société dans son ensemble. Le résultat a été le code de la famille "inimaginable trente ans plus tôt", comme l'a dit une combattante d'hier et militante d'aujourd'hui.<br /> Pourtant dans l'absolu et du point de vue du discours politique, la<br /> femme algérienne occupe une place d'honneur dans l'histoire officielle.<br /> Mais, à bien voir, il y a là comme une manipulation, ne serait-ce que parce que la femme algérienne dans la lutte de libération nationale est évoquée de manière épisodique, de façon symbolique et circonstancielle.<br /> De plus, devenue "objet", la femme est plus portée par le discours officiel et officieux que par les écrits historiques. L'heure de la délivrance ne sera très proche au vu des positions professionnelles des unes et des autres dans l'échiquier algérien. Nous notons qu'elles représentent plus de 60 % des étudiants de l'Université Algérienne. Il va de soit que cette situation est voulue par ce pouvoir, car la femme n'est pas aussi "gênante" que l'homme en politique. <br /> .
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A
Vous avez raison, Mr Mellah, de signaler ce manque de chronologie. En effet, dans cette note, je n'ai pas insisté sur le rôle qu'à joué la femme pendant la guerre d'Algérie. Mais, c'est un sujet que j'ai déjà traité dans mes anciennes notes. Si vous avez un peu de temps, je vous propose de lire ce texte que j'ai écrit en 2009. Voici le lien: http://www.algeria-watch.org/fr/article/femmes/combat_interminable.htm
M
C' était le 7 Mars d'une année X, la femme accueille, en fin de journée, son époux avec une tasse de café sans que celui-ci ne la demande, comme il le faisait habituellement. Ce jour là, la femme avait préparé un repas digne des grands événements, ce qui intrigua son époux. Il chercha à comprendre, sa femme lui répondit que le lendemain, comme ses amies (femmes) , elle ira à la salle ATLAS pour assister à un gala, à l'occasion de la journée de la femme. <br /> La réaction de l'homme ne se fit pas attendre- "il n'est pas question "- Au lendemain, l'homme avertit encore une fois son épouse et s'en alla au travail. <br /> Vers 10h , il revient à la maison et surprise , sa femme n' est pas à la maison. Il se précipita à la salle ATLAS et le préposé à la porte d'entrée lui signifia l'interdiction pour les hommes. Le monsieur demanda alors à ce "gardien" d'aller appeler sa femme à l’intérieur, sans lui donner son nom, mais en lui disant d'appeler du micro de la scène: "La femme dont le mari lui a interdit de venir ici, l'attend devant la porte.<br /> A l'annonce, toute la salle s'est vidée et toutes les femmes coururent vers la porte.<br /> Conclusion, la femme Algérienne tente de s'émanciper, mais l'épée de Damoclès reste suspendue au dessus de leur tête et cette émancipation ne peut se faire qu'avec une ouverture démocratique saine, une liberté d'expression et une Nation où chacune des institutions joue le rôle qui lui est dévolue, notamment les services de sécurité au service du citoyen et non au service du pouvoir.
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A
Votre anecdote, Mr Mellah, a un sens significatif. En effet, le problème vient des contraintes qui sont inhérentes à son entourage. C'est pour ça que j'ai parlé dans mon texte d'une double sanction. D'abord en tant que citoyenne, empêchée par le régime de jouir de son droit constitutionnel, et ensuite de ces gangsters qui l'enferment dans un statut encore plus pénible. Merci d'avoir engagé ce débat. Amicalement, Boubekeur

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  • : L’école algérienne ne s’est pas attelée, en ce qui concerne l’enseignement de l’histoire, à la transmission du savoir. L’idéologisation de l’école l’a emporté sur les impératifs de la formation. Or, les concepteurs de ces programmes préfèrent envoyer leurs enfants dans des écoles occidentales. Du coup, la connaissance de l'histoire ne passe pas par l'école.
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  • Il est du devoir de chaque citoyen de s’intéresser à ce qui se passe dans son pays. C'est ce que je fais modestement.
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