14 juin 2015 7 14 /06 /juin /2015 09:38
L’armée reste toujours la colonne vertébrale du système politique algérien.

Comme le démontre le dernier message du général Gaïd Salah, chef d’état-major de l’armée, félicitant le plébiscite d’Amar Saidani à la tête du FLN, l’armée ne s’est jamais contentée de jouer son rôle républicain, c’est-à-dire être à équidistance entre toutes les formations politiques du pays.

D’ailleurs, malgré les déclarations de bonne foi que l’on pouvait entendre ça et là, les Algériens ne sont pas dupes. L’emprise du haut commandement militaire sur la décision politique a toujours été un fait indéniable en Algérie. En d’autres termes, l’armée n’a jamais quitté la scène politique, et ce, malgré son retrait du comité central du FLN en mars 1989. Bien qu’elle ne se mette pas en avant pour des raisons tactiques, il n’en reste pas moins qu’elle a toujours joué un rôle prépondérant, et ce, depuis le recouvrement de la souveraineté nationale.

Du coup, la lettre du général Gaïd Salah ne fait que rappeler –ou du moins sortir les crédules de leur rêverie –son implication dans le jeu politique. Cela dit, il faut rappeler que cet abus de pouvoir est le fait des hauts gradés. Le simple soldat, quant à lui, se préoccupe, comme la majorité des Algériens, des problèmes de la vie quotidienne. Et s’il pouvait lui arriver de voter FLN, c’est parce que, dans les coulisses, les instructions émanaient d’en haut.

Dans ces conditions, peut-on affirmer, comme le laisse entendre le général Gaïd Salah, que le FLN –à ne pas confondre évidemment avec le FLN historique –est la première force politique du pays ? Pour le vérifier, il suffit d’organiser des élections libres. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le chef des armées est uniment amnésiques. Car, lors des élections libres des années 1990 et 1991, le FLN a subi des défaites électorales cuisantes. Hélas, le parti vainqueur, en l’occurrence le FIS, n’était pas le parti qui voulait consolider la démocratie. En effet, dans ses discours, le FIS suscitait de véritables craintes. Cela étant dit, quitte à être gouverné par des non-démocrates, autant que ce soit par ceux qui sortent des urnes.

Quant au parallèle que fait le général Gaïd Salah entre le FLN historique et le FLN actuel, il n’y a que les dirigeants qui croient à une éventuelle continuité. À titre d’exemple, ce qui sépare un Saidani d’un Ben Mhidi, de l’avis des Algériens, est tout bonnement une question d’éthique. En effet, les affaires dans lesquelles Saidani est cité –sans qu’il apporte, pour rappel, aucun démenti –sont en contradiction avec les valeurs des hommes de novembre 1954.

Que cache alors le message inapproprié du chef des armées ? Il est évident que la fin de règne de l’actuel chef de l’État –c’est plus la nature qui veut ça et non la volonté de l’homme lui-même –donne lieu à une course effrénée pour la succession. Bien que Saidani n’ait ni la carrure ni les compétences, le fait de contrôler les partis satellitaires est décisif. Ainsi, puisqu’il est décidé que le président en Algérie ne sera jamais issu de la volonté populaire, il faudrait alors ressouder les rangs de la clientèle du régime. Le retour d’Ahmed Ouyahia répondrait à cette logique.

Enfin, c’est dans ce sens que l’on doit comprendre le message du général Gaïd Salah. C’est-à-dire, flatter les seconds coteaux pour qu’ils réalisent, avec zèle, les dessins d’un haut commandement, maître du jeu politique.

Aït Benali Boubekeur

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