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Depuis son apparition, le livre de Marie-Christine Tabet et Christophe Dubois, intitulé « Paris-Alger : une histoire passionnelle », fait couler beaucoup d’encre en Algérie, et ce, malgré les tentatives d’intimidations des autorités. En fait, à l’ère d’internet, il est quasiment impossible d’empêcher le débat sur n’importe quel sujet. Ainsi, bien qu’ils puissent mettre fin à des émissions de télé, cela n’a aucun effet sur les internautes commentant leurs affaires.
Dans ce cas, que vaut la mise en garde de Miloud Chorfi, le bras droit d’Ahmed Ouyahia au RND, en parlant d’atteinte aux symboles de l’État ? D’emblée, il faut rappeler que les commentateurs algériens n’ont rien inventé. En plus, ceux qui portent atteinte à la stabilité de la nation sont ceux-là mêmes qui nous gouvernent en détourant, à leur profit, les deniers publics.
En tout état de cause, bien que la présomption d’innocence doive être garantie, ces révélations devraient inciter la justice à ouvrir une information judiciaire sur la provenance de l’argent servant à l’achat immobilier en France. Et le fait de réclamer des comptes ne constitue nullement une entreprise de déstabilisation et encore moins une quelconque atteinte à la stabilité de l’État. Et qui plus est, nos seuls symboles sont les martyrs qui sont morts pour la libération du pays. Quant aux dirigeants actuels, ils ne sont en rien des symboles. Ce sont des fonctionnaires gracieusement payés.
Ainsi, pour l’Algérien lambda, ce dernier se reconnait dans les hommes que décrit Yves Courrière, dans « les fils de la Toussaint », qui, avec des moyens dérisoires, ont réussi à libérer le pays. « Baazi et Ben Boulaid lâchent dans la poussière des ballots de tenues disparates, écume des surplu américains laissés dans tous les souks du Maghreb par la guerre. Que chacun trouve là-dedans une tenue qui lui aille à peu près, crie Ben Boulaid », écrit-il. En plus, d’après l’auteur, seuls quelques volontaires ont pu trouver une tenue décente et une paire de pataugas. Les autres sont repartis bredouilles.
Hélas, alors que nos ainés ont payé un lourd tribut pour que notre pays recouvre sa souveraineté, les chefs actuels démolissent uniment leur œuvre. Lors d’une discussion avec un ami, opposant de longue date, il me dit ceci : « contrairement aux colons qui exerçaient une pression sur Paris pour obtenir des projets à réaliser en Algérie –il faut signaler toutefois qu’ils excluaient de ces projets les Algériens autochtones –, nos ministres actuels font l’inverse : ils sortent l’argent d’Algérie pour l’investir en France. »
Enfin, d’après les auteurs du livre déjà cité, les investissements des Algériens en France s’élèvent à près de 50 milliards d’euros. Et si toutes ces informations se vérifient, qui, des commentateurs ou des dirigeants, portent réellement atteinte aux symboles de l’État ? Malheureusement, dans un pays où les hommes du pouvoir œuvrent pour la pérennité de leur système, aucune réponse ne peut être apportée à ce genre de questionnement.
Ait Benali Boubekeur