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Si, pour le régime, le rassemblement doit se faire inéluctablement autour du chef de l’État, ce constat n’est pas partagé par l’opposition. En fait, bien que les électeurs aient donné un signal fort en boudant les urnes le 17 avril dernier, il n’en demeure pas moins que le régime n’a pas l’intention de céder un iota de son pouvoir. Se recroquevillant sur lui-même, il tourne, encore une fois, le dos à la société. Dans ce cas, il ne faut pas être un savant pour déduire que la situation de statu quo va être maintenue en invoquant notamment l’argument de la stabilité.
Cependant, depuis quelque temps, l’opposition démocratique, à sa tête le FFS, préconise une autre voie. Celle-ci consiste évidemment à concrétiser un changement sans heurts. Bien entendu, sa priorité est de « reconstruire un consensus national », lequel consensus devrait réunir « l’opposition politique, la société et le pouvoir » en vue d’élaborer un programme de sortie de crise.
Pour cela, le FFS se donne tous les moyens et le temps nécessaire en vue de concrétiser ce projet. Quoi qu’il en soit, la tâche ne parait pas une simple sinécure. En effet, le régime et sa clientèle ne vont pas céder facilement. Et en l’état actuel des choses, il est fort possible que le gouvernement Sellal3 déploie tous ses efforts pour déjouer les plans de l’opposition. N’étant pas capable d’engager lui-même un dialogue avec les forces représentatives de la société, il va surement dépenser des sommes faramineuses pour les discréditer, dans le premier temps, et tenter d’acheter la paix sociale, dans le second temps.
De la même manière, pour tromper l’opinion, le chef de l’État fait appel à des figures de l’administration –certains qualifient l’équipe gouvernementale de groupe de technocrates –en guise d’ouverture. En réalité, ces hommes et ces femmes sont d’une fidélité indéfectible au régime. En plus, peut-on s’attendre à ce que ces nouveaux ministres aient une marge de manœuvre ? Pour ceux qui observent la scène politique nationale depuis des lustres, il est fort à parier que ces nouveaux venus soient de simples exécutants. Ainsi, malgré les promesses électorales, le début du quatrième mandat ne diffère guère des précédents.
Cela dit, bien que le régime puisse encore compter sur ses relais, l’idée du changement fait son chemin en Algérie. Et pour cause ! Même ceux qui taxaient le FFS de développer un discours maximaliste, en revendiquant notamment une autre façon de gouverner, se disent aujourd’hui partisans du changement. D’ailleurs, même l’idée d’une Assemblée nationale constituante et de l’avènement de la deuxième république ne font désormais plus peur. De la même façon, le concept de dialogue entre tous les Algériens, en vue de trouver une solution à la crise politique algérienne, est communément admis. Le temps où le FFS se battait seul sur ce sujet semble derrière nous, et ce, au grand dam des partisans du statu quo.
En somme, bien qu’aucun parti ne puisse avoir le monopole du changement, il n’en reste pas moins que la démarche du FFS présente l’avantage de la constance dans le combat. En effet, au moment où certains pensaient que le système pouvait être changé de l’intérieur ou qu’il fallait user de la violence pour s’emparer du pouvoir, le FFS, par la voix de Hocine Ait Ahmed, préconisait déjà la restitution du pouvoir au peuple, à travers l’élection de l’Assemblée nationale constituante et l’édification d’une République irréprochable. C’est cette histoire in fine qui doit peser dans le choix des acteurs politiques et de la société civile au moment où ils doivent se lancer dans la dynamique de changement.
Ait Benali Boubekeur